Tennis. Ons Jabeur : Objectif Roland-Garros !
En s’inclinant en finale dimanche 15 mai à Rome face à la numéro 1 mondiale Iga Swiatek, Ons Jabeur, sereine, sait qu’elle essuie une défaite au goût de victoire, au terme de 11 victoires consécutives et surtout de deux finales de Master 1000 successives après celle remportée à Madrid. Qu’a-t-il manqué à la tunisienne pour décocher le titre, et peut-elle aspirer à remporter son premier grand chelem dans quelques jours à Paris ?
C’est aujourd’hui lundi que débutent les matchs de qualification pour Roland Garros dont est évidemment exemptée Jabeur. Une période de repos, du 16 au 20 mai, qu’elle mettra à profit pour récupérer de deux intenses quinzaines au plus haut niveau, et dont les séquelles étaient visibles dès la demi-finale à Rome face à la russe Daria Kasatkina.
Ce jour-là la tenniswoman tunisienne a dû puiser dans ses dernières réserves pour y trouver la détermination et le second souffle nécessaires pour l’emporter en 3 sets, au forceps. « C’est son choix, elle a décidé de disputer deux tournois préparatifs coup sur coup avant Roland, au risque d’accuser le coup physiquement lors de la quinzaine parisienne », commente Frederic Viard, spécialiste du tennis sur BeIN Sports.
Le drop shot, une signature… avec modération
« Je voudrais te féliciter pour ton incroyable parcours cette saison. Tu proposes un tennis différent, intéressant pour nous toutes ! ». Ces mots sont ceux de Swiatek lors de son speech de la victoire à l’Open de Rome. Par « différent », la polonaise entendait certainement les qualités du jeu de Jabeur, fait d’amorties à des moments peu orthodoxes du match, si bien que le drop shot est devenu sa marque de fabrique.
Mais cet atout dans la panoplie de Jabeur est aussi une arme à double tranchant : « le drop shot devrait être uniquement un coup d’attaque et non de défense », commente à juste titre Charlotte Gabas face aux drop shots contre-intuitifs à répétition ratés, tentés par Ons Jabeur notamment en finale à Rome, quasiment tous déjoués par la pointe de vitesse de Swiatek montant au filet.
Car non seulement le drop est souvent surexploité par la tunisienne pour abréger les longs échanges face à des joueuses plus athlétiques qu’elle, mais il est de plus en plus prévisible, inchangé depuis qu’elle le tente en retour de service, au culot, comme ci-dessous en balle de match de sa finale remportée dès 2011 à Roland-Garros junior.
Bien sûr, le spectateur est roi, et le drop reste aussi magique qu’efficace lorsque Jabeur est dans un bon jour. Depuis son arrivée dans le staff de la tunisienne, Issam Jellali a manifestement accompli un travail considérable qui a bénéficié à la gestion du stress physique et mental auquel succombait fréquemment Jabeur à ce stade des compétitions. Mais s’il y a un domaine encore perfectible, c’est selon de nombreux observateurs sa capacité à tenir les longs échanges sans donner de points gratuits à ses adversaires.
Le tennis moderne a rapidement changé ces dernières années tant sur le circuit masculin que féminin : plus athlétique, au grand dam des nostalgiques du tennis offensif type service / volée, il suppose l’acceptation des affrontements du fond du court. Un secteur de jeu où la polonaise Iga Swiatek, véritable métronome redoutable de précision, a sans doute évolué plus promptement que Ons Jabeur, sa poursuivante directe à la Race cette année. De la 6ème à la 2ème place, les compétitrices se tiennent dans un mouchoir de poche au classement mondial WTA. Un bon résultat à Roland signifie le top 5 à portée de main pour la tunisienne, précisément son objectif affiché cette saison.