Trump annonce une évacuation rapide de la Syrie
« Nous allons quitter la Syrie très vite. » A plusieurs reprises au cours d’un discours dans l’Ohio le 29 mars, Donald Trump a affirmé que les Américains allaient partir prochainement du pays, maintenant que les djihadistes étaient en passe d’être totalement vaincus.
Renouant avec sa rhétorique isolationniste pour laquelle il fut élu, le président américain a ainsi fanfaronné : « On va bientôt avoir repris 100 % du califat, comme ils l’appellent », à propos des territoires occupés par l’EI en Irak et en Syrie ces dernières années et dont le groupe a été chassé, à la fois par les forces irakiennes, le régime de Damas et ses alliés russes et iraniens, ou encore la coalition internationale menée par les Etats-Unis et leurs alliés arabo-kurdes.
« On va rentrer au pays, chez nous, où nous voulons être », a insisté M. Trump, sans donner plus de précisions sur les modalités de ce repli.
Ne pas « faire la même erreur qu’en 2011 »
« Il est crucial, pour notre intérêt national, de maintenir une présence militaire et diplomatique en Syrie », avait déclaré le chef de la diplomatie américaine, finalement limogé mi-mars par Donald Trump en raison de divergences sur plusieurs dossiers.
Il avait appelé à ne pas « faire la même erreur qu’en 2011 », lorsqu’« un départ prématuré d’Irak a permis à Al-Qaida de survivre » dans ce pays, avant de muer pour donner vie à l’organisation Etat islamique.
Interrogée sur la portée des propos présidentiels, la porte-parole du département d’Etat Heather Nauert n’a pas été en mesure, jeudi, de préciser les intentions américaines. Mais elle a assuré ne pas être au courant d’un changement de politique en cours.
Cafouillage stratégique ou virage à 180 degrés ?
En annonçant ce retrait des États-Unis, le président américain contredit le discours tenu par l'ensemble de son administration sur le dossier syrien. Un changement de ton qui intervient alors que la Turquie reproche à Washington son soutien aux Kurdes, qu'elle combat dans le nord de la Syrie.
Les déclarations du président américain semblent en effet en contradiction avec ce que disait, mi-janvier, son ex-secrétaire d’Etat. Dans un discours sur la stratégie en Syrie, Rex Tillerson avait affirmé que l’armée, qui a déployé près de 2 000 hommes sur place, en sus du personnel affilié à la CIA et aux renseignement, resterait dans ce pays "jusqu’à la défaite totale de l’EI", mais aussi pour contrer l’influence iranienne et, au bout du compte, aider à chasser le président contesté Bachar Al-Assad.
Seif Soudani