Syrie : trois hauts responsables jugés en France pour crimes contre l’humanité
Trois hauts responsables syriens feront face à la justice française. Ils seront jugés pour crimes contre l’humanité commis en Syrie.
C’est une première en France. Accusés de complicité de crimes contre l’humanité et de délit de guerre, Ali Mamlouk, Jamil Hassan et Abdel Salam Mahmoud ont été renvoyés devant les assises. Ce sont deux juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris qui ont ordonné leur mise en accusation le 29 mars. Respectivement directeur du Bureau de la sécurité nationale, directeur des services de renseignements de l’armée de l’Air syrienne et directeur de la branche investigation du service de renseignement de l’armée de l’Air, les trois dignitaires étaient visés par des mandats d’arrêts internationaux suite à la mort de Mazzen et Patrick Dabbagh, deux citoyens franco-syriens.
Disparition et tortures
En novembre 2013, Mazzen Dabbagh (57 ans) et son fils Patrick (20 ans) étaient arrêtés à Damas par des officiers s’étant identifiés comme membres des services de renseignement de l’armée de l’air syrienne. Après avoir été déplacés à la prison d’al-Mezzeh, lieu décrit comme un centre de torture du régime, les captifs n’ont plus donné signe de vie. Le régime les a déclarés morts en août 2018. Dès octobre 2016, Obeida, frère de Mazzen, notamment soutenu par la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), déposait une plainte et saisissait la justice française. Suite à quoi une information judiciaire avait été ouverte pour disparitions forcées et actes de torture constitutifs de crimes contre l’humanité en octobre 2016.
Jugés par défaut
Tout au long de la procédure, la justice française a pu recueillir le témoignage de plus d’une vingtaine de victimes syriennes, dont beaucoup sont rescapées de la prison d’al-Mezzeh. Les accusés devraient finalement être jugés prochainement par défaut. « Il est essentiel que ce procès, qui s’inscrit dans un long combat contre l’impunité, qualifie les crimes du régime et juge, même par défaut, ses plus hauts responsables », estimait toutefois, au micro de l’AFP, Clemence Bectarte, avocate de la FIDH, du Centre syrien pour les médias (SCM) et de la famille Dabbagh.