Syrie : plus de 200 morts dans une vaste offensive jihadiste contre le régime

 Syrie : plus de 200 morts dans une vaste offensive jihadiste contre le régime

Au terme de plusieurs années de statu quo, le conflit syrien avait disparu des radars médiatiques. Complexe, la situation vient d’y connaître un développement majeur ces dernières 24 heures : des jihadistes ont lancé une vaste offensive et fait près de 200 morts, dont la moitié sont des soldats de l’armée régulière de Bachar Al-Assad, surpris par l’ampleur de l’attaque.

Selon l’ONG Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 19 civils ont par ailleurs été tués hier jeudi 28 novembre dans des frappes des forces aériennes russes, alliées du régime syrien, en représailles.

 

Les combattants du « HTS », nouvel acteur clé du conflit

L’offensive a été lancée par les forces unifiées jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), aux commandes à Idleb, avec des formations qui leur sont alliées, dont certaines proches de la Turquie dont ont dit qu’elle a expressément « laissé faire », sans pour autant qu’Ankara ne soutienne officiellement l’opération.

A l’heure qu’il est, les combats se poursuivent. Les jihadistes ont coupé jeudi une route vitale, a indiqué l’ONG qui a fait « des plus violents affrontements depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie », où la province d’Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d’Idleb.

Le ministère de la Défense syrien a dit faire face à une « vaste attaque » des « organisations terroristes » dans la région d’Alep.  Un témoin rapporte de violents affrontements à l’est de la ville d’Idleb, qui s’accompagnent de frappes aériennes de l’armée syrienne.

 

Des centaines de mètres carrés conquis

Après avoir reconquis 400 kilomètres carrés de territoire, le HTS serait désormais à moins de 1 kilomètre d’Alep, selon l’agence turque Anadolu. Les combats, qui se déroulent parfois à moins de 10 km de la métropole d’Alep tenue par le gouvernement, ont fait depuis mercredi près de 200 morts, d’après l’OSDH. Il s’agit de 182 combattants, dont 102 jihadistes, 61 membres des forces du régime et leurs alliés, et 20 civils, selon l’ONG basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Un général des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a également été tué jeudi dans les combats, a rapporté une agence de presse iranienne, l’Iran étant un allié indéfectible de la Syrie, un pays dans lequel Téhéran s’est engagé militairement avec l’envoi de conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir le président Assad durant la guerre civile syrienne. Les jihadistes ont aussi pris le contrôle de l’intersection de la route entre Alep et la ville côtière de Lattaquié, d’après la même source. L’ONG a fait état d’une soixantaine de villages conquis par les jihadistes dans l’ouest de la province d’Alep et dans un secteur de la province d’Idleb tenu par le gouvernement.

Le HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, contrôle des pans de la province d’Idleb, mais aussi des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié. Dans une conférence de presse, le chef du « gouvernement » autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a affirmé que l’offensive avait été lancée « car le régime criminel avait massé des forces sur les lignes de front et commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils ». Le nord de la Syrie bénéficie ces dernières années d’un calme précaire, rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.

Dans le même temps, la Turquie « envoie un message à Damas et à Moscou pour qu’ils renoncent à leurs efforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie », a ajouté un analyste. Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens depuis le déclenchement en 2011 du conflit qui a fait plus de 600 mille morts et déplacé des millions de personnes. Mais avec l’affaiblissement du Hezbollah ces dernières semaines sur le front libanais, le HTS a visiblement saisi une fenêtre d’opportunité pour jouer son va-tout dans la région.