Syrie : arrêt problématique des systèmes de transferts médicaux dans les camps

 Syrie : arrêt problématique des systèmes de transferts médicaux dans les camps

PIERRE ANDRIEU / AFP

Dans le nord-est de la Syrie, faute de financement, les systèmes de transferts médicaux sont suspendus. Médecins sans frontières (MSF) alerte sur la mise en danger de nombreuses vies.

« Le manque de financement de l’OMS signifie que depuis la fin du mois de mars, les patients nécessitant des soins spécialisés ou complexes ne sont plus transférés. Cette décision intervient dans un contexte de baisse globale des financements humanitaires affectant l’OMS », regrettait Allen Murphy, chef de mission de MSF (30 avril).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’est plus à même d’assurer le financement des transferts médicaux dans une dizaine de camps du nord-est de la Syrie, dont le camp d’Al Hol.

Concrètement, les personnes touchées par des maladies « traitables et évitables », ou d’autres plus graves, ne peuvent plus être transférées hors des camps pour recevoir des soins adéquates.

De mal en pis

Pour MSF, l’arrêt du système des transferts médicaux est catastrophique puisque, même pour les cas où le pronostic vital est engagé, un transfert vers un hôpital en dehors du camp devient impossible.

Ce qui inquiète particulièrement l’ONG, c’est que la situation était déjà compliquée avant cet arrêt. MSF rappelle que près du quart des 1 446 patients, transférés dans des structures externes en 2023, ont été refusés, « soit parce que les services nécessaires n’étaient pas disponibles, soit pour des raisons de sécurité ».

Neurologie, endocrinologie, gastro-entérologie, autant de services indisponibles dans les camps qui étaient accessibles par le système des transferts et de l’orientation médicale. Avant l’arrêt, l’ONG estimait que 1 000 patients étaient classés en « cas non urgents », mais risquant tout de même une détérioration.

Contexte défavorable

Dès le 21 mars, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires de l’ONU, Joyce Msuya, annonçait que l’OMS allait suspendre, dès fin mars, les prestations pour les personnes « ayant besoin d’un soutien sanitaire plus avancé », dans le nord-est.

« Ces services ont pris en charge 8.000 à 10.000 patients par an, dont 70% de femmes », précisait la Sous-Secrétaire générale, avant de revenir sur la situation du nord-ouest, où 30 programmes pour les enfants malnutris ont été fermés depuis octobre. Avec la hausse de 200% des prix des médicaments en deux ans et les services de santé vitaux réduits, le contexte est évidemment défavorable.

Malgré 20 millions de dollars alloués, en février, par l’ONU à la Syrie via le Fonds central pour les interventions d’urgence, pour Joyce Msuya, la situation restera critique : « Mais il en faut beaucoup plus pour répondre aux énormes besoins et éviter des coupes encore plus douloureuses dans l’aide d’urgence ».

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