Surpopulation carcérale record: la contrôleure des prisons accable l’Etat
Dans un rapport, Dominique Simonnot dénonce l’Etat « qui détourne le regard » et « l’inertie coupable » du gouvernement.
« Inertie, définition: manque d’activité, d’énergie. État de ce qui ne bouge pas ou peu. Synonymes: apathie, immobilisme, inaction, facilité ». C’est l’avant-propos de ce rapport qui dresse un tableau très noir des atteintes aux droits dans les prisons mais aussi hôpitaux psychiatriques ou centres de rétention administrative. « L’inertie est un mur auquel se heurtent les alertes incessantes du Contrôleur général des lieux de privation de liberté sur l’état déplorable des lieux qu’il visite », écrit la contrôleure des prisons.
Moins d’1 m2
Elle sonne l’alarme alors qu’un nouveau pic historique vient d’être atteint dans les prisons françaises avec 73 080 détenus au 1er avril pour 60 899 places, et un taux d’occupation moyen qui grimpe à 142,2% dans les maisons d’arrêt.
Cette surpopulation record inflige « aux prisonniers de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 – dans moins d’1m2 d’espace vital par personne – d’être grignotés par les punaises, envahis par les cafards et les rats ». Cela contraint « 2 100 d’entre eux à dormir sur un matelas au sol ».
15 000 nouvelles places d’ici 2027pri
L’autorité indépendante « recommande depuis 2017 » la mise en place d’un mécanisme de régulation carcérale inscrit dans la loi, qui permettrait d’examiner les possibilités de sortie d’un prisonnier en fin de peine avant de faire rentrer d’autres détenus.
Dominique Simonnot tance la « solution avancée par l’Etat » pour lutter contre le fléau de la surpopulation carcérale, celle de la construction de 15 000 nouvelles places de prison d’ici 2027.
Une « fameuse promesse fleurant le rance, puisque ces 15 000 places étaient déjà proclamées en 2017 pour 2022 » et ont été « très modestement réduites, à 2 000 fin 2021 », accuse la contrôleure générale qui a effectué 115 visites de contrôle d’établissements en 2022.
Concernant les hôpitaux psychiatriques, elle déplore des « atteintes » portées « à l’égalité d’accès aux soins, à la liberté d’aller et venir, et parfois même à l’obligation de protection » des patients, dans un « contexte de pénurie médicale et soignante ».