Surpopulation carcérale : les prisons françaises atteignent (encore) des niveaux records
Mois après mois, les chiffres de la surpopulation carcérale en France atteignent des records. Pour l’Observatoire international des prisons (OIP), le changement passera par d’autres choix politiques.
Le chiffre officiel est tombé. Au 1er mars, 76 766 personnes sont détenues dans les prisons françaises pour une capacité totale de 61 629 places, un record. Sauf que l’Observatoire international des prisons (OIP) révèle (4 avril) que c’est déjà le cinquième mois d’affilée que ce record de surpopulation carcérale est battu.
Inadmissible pour l’OIP : « cet énième record consécutif du nombre de personnes détenues dans les prisons françaises (…) signe en tout cas la banalisation d’une situation de plus en plus chaotique, qui ne cesse de repousser, mois après mois, les limites de l’intolérable ».
Multiples records
Le chiffre total des personnes détenues n’est que l’arbre qui cache la forêt. En observant de plus près les chiffres de l’occupation des différents établissements d’enfermement, la situation est plus que préoccupante avec des records en série.
Des maisons d’arrêt occupées en moyenne à 148,7%. Soixante-neuf établissements sont même occupés à plus de 150%. Et enfin « 3 099 personnes détenues dorment sur des matelas posés à même le sol dans des cellules de 9m2 ».
Du jamais vu selon l’OIP qui craint une aggravation de la situation à cause d’un « effet JO » : « il y tout lieu de craindre que cette tendance ne s’approfondisse au vu du dispositif répressif envisagé pour accompagner le nettoyage social des métropoles accueillant les Jeux olympiques et paralympiques 2024 ».
Politique
Autre sujet qui suscite l’inquiétude de l’OIP, c’est l’accélération de l’augmentation du nombre de personnes enfermées. Une dynamique qui fait craindre de nouveaux records dans les mois à venir.
Pour l’observatoire, les incarcérations sont favorisées par la politique appliquée par le gouvernement « depuis des décennies ». Celle-ci reposerait, selon lui, sur la création de « toujours plus de délits passibles de prison » et l’aggravation des peines encourues.
Le 14 mars, le Conseil de l’Europe invitait la France « à reconsidérer leur stratégie de lutte contre la surpopulation, en s’attaquant à ses causes profondes et en évaluant, de manière détaillée, l’impact des dernières réformes ».
Les réformes évoquées et mises en place par le gouvernement sont : privilégier les alternatives à l’emprisonnement et la construction de nouvelles places de prison. Les résultats ne se font jusqu’ici pas sentir.