Surpopulation carcérale : les chiffres du gouvernement sont sous-estimés selon l’OIP
L’Observatoire international des prisons (OIP) appelle le gouvernement à dévoiler « les vrais chiffres » de la surpopulation carcérale.
« En persistant à occulter les taux spécifiques des quartiers dédiés aux hommes détenus, le ministère de la Justice publie consciemment des taux d’occupation largement sous-estimés », déclare l’OIP dans un communiqué (30 mai).
L’observatoire pointe le fait que les chiffres officiels publiés par l’administration pénitentiaire soient lissés dans des moyennes sans distinguer s’il s’agit de quartiers d’hommes, de femmes, de mineurs ou encore de semi-liberté…
Ce qui a également été souligné par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans un rapport datant du 23 mai.
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« Vrais taux »
« Il ressort des calculs réalisés par l’OIP que les vrais taux d’occupation des quartiers dédiés aux hommes détenus au 1er janvier 2024 sont supérieurs de 1 à 10 points dans 48 quartiers pénitentiaires, de 10 à 20 points dans 33 prisons, de 20 à 40 dans 25, et de plus 40 points dans 9 d’entre elles », révèle l’observatoire.
Une différence encore plus criante avec l’exemple de la prison de Lons le Saunier. Juste en retirant les données relatives à la semi-liberté, le taux d’occupation du quartier maison d’arrêt dédié aux hommes détenus passe de 203,3% à plus de 280%.
Quand les chiffres officiels indiquent que 14 quartiers pénitentiaires sont occupés à plus de 200%, avec les calculs de l’OIP, « ils étaient 23 à atteindre ou dépasser ce pourcentage au 1er janvier 2024 ».
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Inefficace
Selon des chiffres publiés mardi 30 avril par le ministère de la Justice, au 1er avril, la France comptait 77 450 détenus pour 61 570 places.
Pour tenter de réduire cette surpopulation carcérale, en décembre 2022, Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, confirmait la construction de 15 000 nouvelles places d’ici à 2027.
Cependant, l’OIP rappelait que, depuis 1990, ce sont plus de 25 000 places de prison qui ont été créées, sans rien changer à la situation.
En janvier 2023, l’observatoire expliquait que cette politique était inefficace mais aussi coûteuse : « 681 millions d’euros sont prévus pour la seule année 2023, soit plus de cinq fois le budget consacré à la réinsertion et à la prévention de la récidive ».
Aujourd’hui, l’observatoire estime que les autorités doivent être transparentes « afin qu’elles prennent publiquement (…) la juste mesure de l’urgence de la situation dans les prisons françaises ».
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