Surpopulation carcérale : le Conseil de l’Europe invite la France à changer de stratégie

 Surpopulation carcérale : le Conseil de l’Europe invite la France à changer de stratégie

Centre de détention de Toulouse-Seysses, à Seysses, dans le sud-ouest de la France – 10 mai 2022. Photo : Lionel BONAVENTURE / AFP

Le Conseil de l’Europe se dit très préoccupé par la surpopulation carcérale en France. Celle-ci ne cesse de progresser malgré les mesures engagées.

77 000 personnes détenues dans le système carcéral français, un record. L’an passé, en juillet, ce chiffre dépassait pour la première fois la barre des 74 000 personnes incarcérées. Depuis plus deux ans, ce chiffre ne cesse d’augmenter.

L’observatoire international des prisons (OIP) indique (15 mars) que le taux d’occupation des prisons continue de s’envoler avec une moyenne qui « frôle 150% dans les maisons d’arrêt » dont « une quinzaine d’établissements dépassent 200% ».

Dans une décision rendue jeudi dernier (14 mars), le Conseil de l’Europe exprimait sa « profonde préoccupation » quant à cette surpopulation carcérale et encourageait les autorités françaises à réagir.

Stratégie

Le Conseil de l’Europe « invite instamment […] à reconsidérer leur stratégie de lutte contre la surpopulation, en s’attaquant à ses causes profondes et en évaluant, de manière détaillée, l’impact des dernières réformes ».

De quelles réformes s’agit-il ? Principalement, privilégier les alternatives à l’emprisonnement et la construction de nouvelle places de prison. En décembre 2022, Eric Dupond-Moretti confirmait la construction de 15 000 nouvelles places d’ici à 2027.

Cependant, l’OIP rappelait que, depuis 1990, ce sont plus de 25 000 places de prison qui ont été créées. En janvier 2023, l’observatoire expliquait, que cette politique était inefficace mais aussi coûteuse : « 681 millions d’euros sont prévus pour la seule année 2023, soit plus de cinq fois le budget consacré à la réinsertion et à la prévention de la récidive ».

Déjà condamnée

Dans un arrêt du 6 juillet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) condamnait la France pour les conditions indignes de détention carcérale. En mai dernier, l’Observatoire international des prisons (OIP) avançait qu’il fallait surtout enfermer moins.

« Il faut s’attaquer aux causes de la surpopulation, cesser la banalisation de l’usage de la prison dans notre système pénal et questionner le sens de l’enfermement », expliquait l’observatoire. Le Conseil de l’Europe va dans le même sens en demandant à la France de mettre en place des réformes de fond.