Surpopulation carcérale : Dupond-Moretti « passe sous silence la situation »

 Surpopulation carcérale : Dupond-Moretti « passe sous silence la situation »

Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux et ministre de la Justice, en conférence de presse sur le plan d’actions issu des Etats Généraux de la Justice, tenue au ministère de la Justice, le 5 janvier 2023. Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Trop de peu de solutions pour réduire la surpopulation carcérale dans le plan pour la justice. Eric Dupond-Moretti sous le feu des critiques.

 

« Le ministre n’a pas pris les mesures qui s’imposent et donc il passe sous silence la situation » des prisons, réagissait (6 janvier) Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL). La veille, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti présentait son plan d’action pour la justice. Or celui-ci a à peine abordé le problème de la surpopulation carcérale

Une aberration pour l’Observatoire international des prisons (OIP) : « Alors que la France vient de battre pour le deuxième mois consécutif son record historique du nombre de personnes détenues, on aurait pu attendre que la lutte contre la surpopulation carcérale soit au cœur du plan d’action pour la justice ».

Politique onéreuse ?

En décembre, le nombre de détenus en France a culminé à 72 836 pour 60 698 places opérationnelles, un record. Pour répondre à ce problème persistant, Eric Dupond-Moretti a confirmé la construction de 15 000 nouvelles places d’ici à 2027. 

Cependant, l’OIP rappelle que, depuis 1990, ce sont plus de 25 000 places de prison qui ont été créées. Une action qui n’a pas eu l’impact escompté puisque le nombre de détenus a augmenté dans les mêmes proportions. 

Pour l’observatoire cette politique est inefficace mais aussi coûteuse : « 681 millions d’euros sont prévus pour la seule année 2023, soit plus de cinq fois le budget consacré à la réinsertion et à la prévention de la récidive ».

Alternatives

Parmi les quelques solutions avancées pour endiguer la surpopulation carcérale, le garde des Sceaux a indiqué vouloir renforcer les alternatives à l’emprisonnement. 

Parmi les solutions à disposition, le ministre a annoncé une circulaire visant à inciter et mettre en avant l’application du travail d’intérêt général. Une mesure qui nécessite des moyens, or, selon l’OIP, « seulement 53 millions d’euros sont prévus au budget 2023 pour les alternatives à l’emprisonnement et les aménagements de peines ».

L’observatoire regrette des solutions insuffisantes et va dans le sens du Conseil de l’Europe qui demandait à la France, le 8 décembre dernier, l’adoption rapide d’une « stratégie globale et cohérente » pour réduire la surpopulation carcérale.