Sur les traces amazighes de la Grande Canarie
Le bleu de la mer, le vert des forêts, le noir des laves volcaniques et les paysages à couper le souffle ne constituent pas l’unique raison de visiter l’archipel des Canaries. Les passionnés d’histoire et d’archéologie y découvriront des vestiges remontant aux Guanches, les habitants d’origine berbère de ces îles proches du littoral nord-africain.
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Depuis Tejeda, village sis sur le point culminant (1050 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer) de l’île de la Grande Canarie, la vue sur les forêts de pins et d’amandiers est imprenable.
Nichée entre ravins et montagnes couronnées de promontoires rocheux, cette bourgade bâtie sur un cratère est entourée de formations volcaniques donc la plus emblématique et le fameux Roque Nublo, gigantesque monolithe basaltique (roche magmatique) haut de 70 mètres !
Mais cette destination à l’écart de la fureur du monde recèle bien d’autres trésors qui raviront les férus d’archéologie : des vestiges préhispaniques témoins de la lointaine présence d’une population amazighe nord-africaine, sur cette île qui n’est qu’à environ 200 km du continent.
Grottes d’inhumation, gravures, peintures mais aussi des habitations troglodytes, des greniers et citernes attestent de l’arrivée des Guanches, Berbères non islamisés, entre le Vème siècle av. J.-C. et le début de notre ère dans cette région.
A l’ouest de Tejeda, le Roque Bentayga, incontournable des randonneurs en quête de vues panoramiques, était un lieu sacré pour les Guanches.
Ayant survécu à la conquête des Castillans en 1496, les traces de cette culture n’ont été mises à jour qu’au cours des dernières décennies. On a notamment découvert gravés sur des roches des signes identiques à l’alphabet tifinagh, la langue écrite des berbères.
Mais on note aussi la conservation de pratiques traditionnelles comme la transhumance, les cultures en terrasse ou encore le système utilisé pour la gestion de l’eau. Selon l’Unesco, autant de signes témoignent « de l’expression la plus occidentale de la culture amazighe » et d’un cas unique de culture insulaire dont les racines remontent au monde amazigh.
Aujourd’hui, on note un regain d’intérêt pour cet héritage oublié. De nombreuses associations revendiquent ce passé en célébrant à nouveau des fêtes anciennes et en promouvant le patrimoine guanche.