Stains. Menaces de mort sur le maire qui dénonce les violences policières
Azzédine Taibi promet de tenir bon. Depuis plusieurs jours, pour avoir osé dénoncer les violences policières en France, le maire communiste de Stains, réélu dès le 1er tour en mars dernier, est la cible d’injures et de menaces de mort.
C’est à Stains, dans cette commune de Seine-Saint-Denis de 40 000 habitants qu’avait été inaugurée en présence du maire, le 18 juin dernier, une fresque en hommage à George Floyd et Adama Traoré. La fresque, surmontée de la phrase « Contre le racisme et les violences policières » avait provoqué la colère du syndicat de police Alliance et de l’extrême droite. Des mains anonymes l’avaient par la suite vandalisée, le 4 juillet. Elle a été restaurée depuis.
« Passer sous silence le tabou des violences policières ne rend service à personne »
« Les violences policières sont une réalité réaffirmée dans de nombreux rapports officiels d’Amnesty International, de la LDH ou bien du Défenseur des droits », tient à rappeler Azzédine Taibi.
« À travers mes prises de position, je ne fais que défendre la démocratie, nos institutions et les valeurs de la République », soutient l’édile droit dans ses bottes, précisant que les violences policières « n’incriminent pas l’ensemble des policiers, n’en déplaise à certains responsables politiques et à un syndicat de police placé très à droite ».
Pour le maire de Stains, « les gardiens de la paix dans la grande majorité, exercent leurs missions de service public avec dévouement et sacrifice », mais « passer sous silence le tabou des violences policières ne rend service à personne, ni à la population, ni aux policiers ».
Absence de réaction
Face à toutes ces menaces, Azzéddine Taibi croyait trouver du soutien parmi la classe politique. « Je trouve préoccupant l’absence de réaction qui entoure cette situation », regrette le maire. « Quand un élu de la République est menacé de mort, c’est la démocratie qui est menacée, et c’est l’ensemble de la classe politique qui doit se lever pour refuser de tels agissements », insiste l’édile.
Ce n’est pas la première fois qu’Azzédine Taibi subit de telles intimidations. En 2016, mais aussi en 2018, pour avoir installé des banderoles sur le fronton de sa mairie en soutien à deux prisonniers politiques palestiniens, Marwan Barghouti et Salah Hamouri. L’élu avait dû faire face aux attaques de certains mouvements extrémistes pro-israéliens.
Azzédine Taibi a annoncé avoir déposé plainte au commissariat de Stains ce mardi. « J’ai également échangé avec le Préfet à ce sujet », ajoute l’élu.
« Aucune tentative d’intimidation ne me fera taire. Je poursuivrai toutes mes batailles, comme je l’ai toujours fait car il s’agit de combats justes et légitimes », conclut déterminé Azzédine Taibi.
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