Une mini Coupe d’Afrique de football à Évry
L’idée était osée : organiser en région parisienne une réplique locale de la Coupe d’Afrique des nations. La vraie aura lieu en juin en Égypte. Pourtant, sur la pelouse du stade Jean-Louis Moulin d’Évry, les joueurs s’en donnent à cœur joie. Maroc, Congo, Tunisie, Mali, presque toutes les communautés de la ville sont représentées sur le terrain.
Pour imiter le vrai tournoi, qui aura lieu du 21 juin au 19 juillet en Égypte, des habitants d'Évry ont eu l'idée d'organiser leur propre Coupe d'Afrique, surnommée la « CAN Epinetzo », contraction du nom des Épinettes et des Aunettes, deux quartiers cosmopolites de la ville.
« A la base, c'était juste pour rigoler », explique Jawed, sélectionneur du Maroc. « Maintenant j'ai des Marocains du monde entier qui me suivent sur Snapchat », dit-il à l'AFP, caché derrière ses lunettes de soleil.
Le tournoi amateur attire jusqu’à 2000 spectateurs par match. Alors, tout a été fait dans les règles : un hymne a été composé et un clip tourné ; des conférences de presse tournées dans un salon de coiffure sont diffusées avant les rencontres et les équipes disputent des matches de préparation entre chaque rencontre. Et en cas de contestation d'une décision arbitrale, on sort même l'assistance vidéo. Ou plutôt, on s'agglutine autour d'un téléphone portable qui a filmé la scène.
Arbitrage, services d'ordre… « Tout est organisé par nous-mêmes. Chacun met la main à la patte », raconte Moussa, l'un des organisateurs, également coach du Mali. « On a lancé ça dans un délire, mais ça a pris beaucoup d'ampleur », poursuit-il.
Le succès du tournoi est largement dû aux réseaux sociaux, pour ce qui n'était au départ qu'un simple tournoi entre amis. Relayée sur Instagram, Snapchat ou encore Twitter par le rappeur Niska, originaire de la ville, la compétition a rapidement fait parler d'elle. Les messages de soutien de grands noms du football, comme Karim Benzema, d'origine algérienne, ou l'Ivoirien Didier Drogba, ont aussi fait beaucoup pour la notoriété de l'événement. Et les médias traditionnels ont suivi : « la semaine dernière, on se croyait en Ligue 1 tellement il y avait de caméras », sourit Moussa.
« Ca a pris un élan qui nous dépasse. C'est agréable », ajoute Lambert Mendy, qui s'est improvisé sélectionneur du Sénégal et qui veut aussi mettre en avant les valeurs de cette CAN. « C'est un message de fraternité. On voudrait qu'à travers ce genre de tournois, on parle d'Évry en bien. En organisant tout nous-même, on montre que les choses peuvent bien se passer dans un esprit fraternel », dit-il.
Des tournois similaires ont fleuri dans d'autres villes de la région parisienne, comme à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Créteil (Val-de-Marne) ou encore Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où les fumigènes étaient de sortie le week-end dernier. De quoi patienter avant le début de la véritable Coupe d'Afrique des nations.
Rached Cherif
(Avec AFP)