Sofiane Oumiha, le prodige toulousain
Le Champion du monde des poids légers, vient d’ouvrir une salle de boxe dans un quartier de sa ville. Le sportif de 24 ans, aussi vice-champion olympique, déborde d’ambition. En ligne de mire : la médaille d’or aux JO de Tokyo, l’an prochain
“J’ai cru en mes rêves, je n’ai jamais baissé les bras.” Depuis ses 7 ans, Sofiane Oumiha enfile les gants. Et s’il a dû observer une brève pause – “car je ne pouvais pas faire de compétitions” – le boxeur s’est initié aux assauts dès l’âge de 9 ans. Des débuts prometteurs pour un jeune surdoué. “J’ai été invaincu durant huit ans, raconte-t-il. J’ai connu ma première défaite en 2012.” Un moment compliqué pour ce compétiteur né. “Je ne savais pas ce que c’était, j’ai tout de suite détesté cette sensation.”
“Je n’arrivais pas à voir le positif de la médaille”
Pas là pour faire carrière, le Franco-Marocain s’éclate, comme au rugby, sport qu’il pratique en parallèle jusqu’à ses 18 ans. Une blessure sur le pré le prive des championnats d’Europe de boxe. “Là, j’ai dû trancher.” Concentré exclusivement sur le noble art, le garçon, issu du quartier de la Reynerie, s’entraîne dur au Boxing Toulouse Bagatelle. “Environ quatre heures par jour.” En 2012, il suit les Jeux olympiques devant sa télévision : “Je me suis dit que j’allais tout faire pour m’y rendre un jour.”
Quatre ans plus tard, le voilà à Rio, pour un moment inoubliable. “La cérémonie, le public, c’était un rêve.” Mais, très vite, il se reconcentre : “Soit tu restes dans l’émerveillement, soit tu vas chercher la médaille.” Une détermination qui l’emmènera jusqu’en finale, où il est battu par un Brésilien. Une médaille d’argent magnifique, mais difficile à savourer. “J’avais perdu. Je n’arrivais pas à voir le positif de la médaille aux Jeux, j’étais frustré.”
Rapidement, la déception laisse place à une profonde satisfaction. “Je recevais des messages de félicitations des quatre coins du monde. Cette médaille m’a mis dans la lumière.” Accueilli en véritable rock star à son retour à Toulouse, le jeune homme redouble d’efforts à l’entraînement. Impensable pour lui de s’endormir sur ses lauriers. “Il y avait les championnats du monde un an plus tard, j’avais cet objectif en tête.”
Un travail payant. A Hambourg, dans sa catégorie des moins de 60 kg, il bat en finale le Cubain Lazaro Alvarez Estrada, qui restait sur trois titres consécutifs. “Ma plus belle médaille, sans aucun doute.” Plus qu’une consécration, c’est une confirmation pour celui qu’on présente comme l’un des Français les plus doués de sa génération.
“Si tu travailles fort, il n’y aura aucune limite”
Fort de cette récente notoriété, Sofiane a ouvert en 2018, avec le soutien du bailleur social Toulouse Métropole Habitat, le Boxoum, un club de boxe de 300 m2 dans le quartier de Papus, dirigé par Mehdi Oumiha, cousin et entraîneur de Sofiane. Avec l’envie d’en faire profiter le plus grand nombre. “A mon époque, c’était le système D, confie le jeune homme. Parfois, je devais m’entraîner sur un terrain de foot.” Diplômé du brevet d’Etat d’entraîneur, Sofiane a d’autres objectifs en tête, avant de transmettre le flambeau aux plus jeunes. Continuer d’empiler les titres, décrocher l’or aux JO de 2020, avant, peut-être, de s’essayer sur le circuit professionnel. “Il y aura des obstacles, il y aura des doutes, il y aura des erreurs, conclut-il. Mais si tu travailles fort, il n’y aura aucune limite.”