Maïva Hamadouche, puncheuse et ambitieuse

 Maïva Hamadouche, puncheuse et ambitieuse

crédit photo : Jean-Daniel Peres


C’est la sportive française qui monte. Boxeuse d’exception, championne du monde et policière dans le civil… Portrait d’une battante.


On la présente comme le futur de la boxe féminine française. Elle, plus modeste, dit simplement “faire son bout de chemin”. Surtout, ne pas se fier à son petit gabarit. La jeune femme, dont la boxe est qualifiée d’explosive par les spécialistes, ne tient pas en place. Elle soulèverait des montagnes. Reconnaissable entre toutes avec son look moderne – blonde aux cheveux courts, yeux bleu océan – la sportive de 27 ans est plutôt discrète et réservée de prime abord, mais quand elle déboule sur le ring, rien ne semble l’arrêter. Son rêve : réunifier les quatre ceintures de championne du monde de l’art pugilistique le plus respecté, le plus mythique. Elle qui possède déjà le titre mondial IBF (International Boxing Federation) des super-plumes.


Et évoluer dans un milieu masculin n’effraie pas cette policière de profession, “flic de terrain”, précise-t-elle. “J’aime être au cœur de l’action, j’aime l’esprit de groupe d’une unité.” Affectée à la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris, basée boulevard Bessières, dans le XVIIe arrondissement de Paris, elle fait la fierté de ses collègues comme de ses supérieurs. C’est l’une des rares femmes au sein de la compagnie.


Mais les épreuves de la vie, elle connaît bien. Dès l’enfance, Maïva a dû apprendre à se battre. Elevée seule par sa mère, d’origine algérienne, avec ses quatre sœurs et un frère, elle quitte le cocon familial à 17 ans après une adolescence à problèmes. Celle qui n’a jamais connu son père a appris à jouer des coudes et à se débrouiller seule dès sa prime jeunesse. “La vie ne m’a pas fait de cadeau, la boxe m’a heureusement recadrée. Avant, je faisais du foot mais je n’y trouvais pas mon compte. J’avais besoin de canaliser mon énergie.”


 


Droguée de l’entraînement


A force d’abnégation et de travail, cette droguée de l’entraînement, a réussi petit à petit à se faire une place et un nom dans le monde de la boxe. Une discipline dont elle est tombée amoureuse. Aujourd’hui, sous les ailes de son promoteur, Malamine Koné, le créateur d’origine malienne d’une ­célèbre marque de sportswear, elle s’attaque au gratin mondial sans crainte et hyper motivée. C’est à Clichy, en banlieue parisienne, qu’elle s’entraîne quasi quotidiennement, suivie depuis des années par son coach, Sot Mezaache, qui la décrit comme une boxeuse “fougueuse, techniquement complète”. Celle qui parle toujours avec douceur et un charmant accent tarnais – elle est native d’Albi – se déchaîne sur ces adversaires dès que le gong retentit : “J’ai une boxe généreuse, mais réfléchie.”


Championne de France en 2014, d’Europe en 2015, titre mondial l’année suivante : depuis son passage en catégorie professionnelle fin 2013, elle n’a pas chômé. Et sur le ring, elle est du genre expéditive : elle a remporté quinze de ses seize combats, dont douze avant la limite. D’où le surnom qu’elle s’est choisi : “El veneno”, le venin en espagnol. Déterminée, l’héritière de la célèbre boxeuse française Myriam Lamare a deux objectifs : porter haut et fort les couleurs méconnues de la boxe féminine et être la première femme à intégrer le prestigieux corps d’élite de la police : le Raid.