Le grand frisson
Plongeur de haut vol durant plus de dix ans, Hassan Mouti a dû arrêter sa carrière après un grave accident. Depuis, il travaille comme “athlète manager” chez Red Bull et gère sa société, Vertical Limit Event, afin de promouvoir sa discipline.
Le plongeon olympique, le Franco-Marocain l’a découvert un peu par hasard. “Chaque dimanche, notre père nous emmenait à la même piscine à Strasbourg, raconte Hassan Mouti. Un jour, alors qu’on s’était rendus dans une autre, nous avons découvert des plongeurs qui s’entraînaient.” Le coup de foudre. En 1990, à l’âge de 10 ans, il s’inscrit dans un club de plongée avec ses deux sœurs. Passionné, il file en sport-études, avant de découvrir le côté extrême de sa discipline à l’université. Désormais, ce n’est plus de 10 mètres, mais de 27 mètres que les hommes sautent dans des conditions dantesques.
Ainsi, jusqu’en 2009, Hassan travaille dans le marketing et profite de ses congés pour partir en compétition. “Et puis Red Bull a créé les Cliff Diving World Series, un championnat du monde sur l’année”, précise-t-il. De quoi lui permettre d’en vivre. Car un plongeur classé dans le Top 5 mondial, bien sponsorisé, peut gagner entre 40 000 et 100 000 euros par an.
Début 2013, de retour après un accident, le Strasbourgeois participe à une finale dès la première compétition de la saison, avant de se blesser gravement une semaine plus tard. “Je préparais un spectacle, je suis tombé d’un échafaud et je me suis cassé le talon”, témoigne-t-il. S’ensuit une rééducation de deux ans, à la suite d’une opération durant laquelle on lui pose deux plaques et douze vis dans le pied.
“Le seul franco-africain à plonger”
Pas de quoi décourager le jeune homme, qui se retrouve engagé chez Red Bull comme “athlète manager” et qui monte sa propre société, Vertical Limit Event, via laquelle il organise des événements un peu partout dans le monde. Avec la marque autrichienne de boissons énergisantes, Hassan participe activement, chaque année, aux choix des spots de plongée, aux règles, aux modifications des coefficients de difficulté pour les sauts, ainsi qu’à la formation des plongeurs venus sécuriser les événements.
Les World Series proposent cette année sept compétitions pour les garçons et cinq pour les filles. “Les femmes sautent à 20 mètres, parfois moins sur certains spots, comme à Copenhague, où on plonge du toit de l’opéra et où il est impossible d’installer une passerelle à cette hauteur”, explique-t-il. Après Bilbao fin juin, la caravane des plongeurs va passer le 14 juillet aux Açores, le 5 août en Suisse et le 25 août au Danemark.
“C’est un sport extrême dans tout, analyse l’ancien champion. Compliqué physiquement, mais encore plus mentalement. On arrive à 90 km/h dans l’eau et les impacts sont violents. On peut avoir un pied ou une jambe qui part et là, ça ne pardonne pas : déchirement, claquage, rupture des ligaments…”
Durant sa carrière, Hassan Mouti assure qu’il était “le seul franco-africain qui plongeait”. Pourquoi ça ? “Parce que sur le continent africain, il n’y a pas d’infrastructures, répond-il. Et puis, en France, il y a sans doute une gêne. Nous n’avons qu’un simple maillot de bain.” Déterminé à faire découvrir son sport au plus grand monde, Hassan caresse deux rêves : organiser un événement au Maroc, le pays de ses racines, et un autre à Strasbourg, la ville où il a grandi. En attendant, il garde espoir de voir son sport devenir olympique pour les JO 2024 à Paris : “Ce serait magnifique.”