Soufisme, amour et tolérance : Les messages de Hassan Al-Chadili

 Soufisme, amour et tolérance : Les messages de Hassan Al-Chadili

Soufisme – Mustapha Mchiche Alami, président de la Fondation Sidi Mchiche Alami de Kénitra.

Pandémie oblige, pour cette année, le Forum consacré au Jbel al-Alam, du nom du mausolée de ce grand saint qu’est Moulay Abdeslam Ben Mchich a été l’objet d’échange par visioconférence. La rencontre virtuelle organisée par le Centre marocain pour la tolérance et le dialogue inter-religieux et l’Association Moulay Abdeslam Ben Mchich pour le développement a donné la parole à de nombreux spécialistes de la question.

 

Soufisme et défense de la ville sainte

C’est au président de la Fondation Sidi Mchich Alami qu’a été donné l’honneur de prononcer l’allocution d’ouverture de ce forum. Il a ainsi évoqué la stature d’Abou Hassan al-Chadili à l’ombre de son maître Moulay Abdeslam Ben Mchich.

Le spécialiste a préféré parler de pont entre deux pays frères, le Maroc et l’Égypte. Frères de race, arabes dans leurs combats pour la cause palestinienne et frères de religion. Une spiritualité empreinte de soufisme dont la figure du grand pôle soufi Chadili et son maître ont rayonné sur le Maghreb. Mustapha Mchich Alami a ainsi mis l’accent sur l’héritage commun des deux pays, le soufisme et la défense d’al-Qods.

 

Périple

« Si le destin de Abou Hassan al-Chadili a été marqué par la rencontre avec son maître Ibn Mchich, il faut néanmoins rappeler que le saint homme avait passé à Tunis plusieurs années jusqu’au jour où Dieu Très-Haut mit sur son chemin un jeune homme qui allait devenir son successeur et l’héritier de son poste et sa ligne sainte, Abul Abbas al-Mursi originaire de Murcie de l’Andalousie ».

Au passage, le spécialiste évoquera un autre andalou célèbre qui a vécu aussi au Maroc et connu de nombreux maîtres de la voie soufie, Ibn Arabi, surnommé à juste titre le cheikh Al-Akbar.

La vie d’al-Chadili nous est  connue à travers des textes rédigés par ses compagnons dont d’entre eux émergent du lot : un Andalou, Abu Al-Abbas Al Mursi, et son disciple Ibn Abdallah al-Iskandarani, qui a exposé minutieusement la principale base de la Chadiliya, dans son fameux livre : Lataief Al Minan. Le saint est mort à Humeithra, en Haute-Egypte, aux confins de la mer Rouge, sur sa route vers La Mecque.

Depuis, sa tarîqa comprend des millions d’adeptes en Égypte et au Maghreb ainsi que dans bien d’autres contrées du monde.

 

Harat al Maghariba

Mchich Alami a aussi évoqué la place privilégiée qu’ont toujours eue les Marocains dans la défense de la ville sainte auprès de Salah al-Din al-Ayyoubi. « Al-Qods fut une ville où les Marocains vécurent et qu’ils défendirent par les armes. Ils élurent domicile à Harat al Maghariba, dit « le quartier marocain », un endroit mythique vieux de 770 ans au cœur de la ville sainte ».

Les témoignages historiques confirment que les Marocains s’établirent dans cette cité à partir du 10e siècle. C’était le temps de la Guerre des croisades (1095 – 1291), suite à laquelle les Arabes finissent par prendre possession de Jérusalem en combattant aux côtés de Salah al-Din al-Ayyoubi.

A la fin de la bataille de 1187 et une fois la situation revenue au calme, nombre de Marocains choisirent de rester dans une ville qui les accueillait depuis quelques années déjà. Parmi eux, beaucoup de Alamiyines, des descendants de My Abdessalam, qui ont eu des postes de cadi, de savant à Al-Qods, à Damas et dans bien d’autres villes du Cham. Le poste de Mufti a été créé en1918 et en 1952 ce poste a été dévolu au Marocain Saad Al-Din Al-Alami qui est mort en 1993 ».

Al-Chadili

La vie d’Al Chadili nous est connue à travers des textes rédigés par ses compagnons dont d’entre eux émergent du lot : l’Andalou, Abou Al-Abbas Al-Mursi, et son disciple Ibn Abdallah Al-Iskandarani, qui a rendu disponible les préceptes de la Chadiliya, à travers son fameux livre : Lataief Al-Minan. Al-Chadli est mort à Humeithra, en Haute-Egypte, aux confins de la mer Rouge, sur sa route vers La Mecque.

Depuis, sa tariqa comprend des millions d’adeptes en Egypte et au Maghreb ainsi que dans bien d’autres contrées du monde. C’est bien ce que va expliquer un autre intervenant le Dr Ali Goma qui va essentiellement parler de Abdel-Halim Mahmoud (Al-madrassa Chadiliya) qui est également l’auteur d’une relance du soufisme à travers ses écrits prolifiques et ses conférences sur ce sujet.

« L’homme était d’une telle modestie qu’il considérait tout croyant comme son cheikh et son enseignant. Il a embrassé la tariqa Chadiliya avec comme cheikh Abd al-Fattah Cadi. Abd al-Halim Mahmoud (1910-1978) ex-recteur d’al-Azhar  a écrit beaucoup sur le soufisme en raison de sa capacité unique d’intégrer les dimensions ésotérique et exotérique de l’Islam (qui sont souvent considérées comme contradictoires par certains). Il voyait le tasawwuf (dont il souligné la différence avec le mysticisme) comme une méthode scientifique qui permettrait aux gens de comprendre la réalité ultime. L’essence du tasawwuf est définie comme la connaissance (Ma`rifa) du domaine métaphysique – la science d’expliquer les aspects cachés de Dieu et de clarifier ses prophéties. »`

Des réponses à des problématiques

Les autres intervenants se sont succédé pour rappeler l’importance de l’enseignement chadili qui a été diffusé partout dans le monde à travers la Tariqa Chadiliya qui est actuellement présente en Tunisie, en Algérie, en Libye et en Egypte où est enterré Abou Hassan Al-Chadili.

L’autre objectif de ce forum virtuel est de montrer que le soufisme a des réponses à donner à toutes les problématiques qui secouent le monde moderne telles la citoyenneté, le dialogue des religions ou encore le message emprunt d’amour, de paix, de tolérance de la spiritualité musulmane qui contredit les clichés véhiculés par les prêcheurs de la haine.

>> Lire aussi : Le soufisme, la branche mystique et ésotérique de l’Islam