Sortie de livre : La Pensée Blanche du footballeur Lilian Thuram suscite la polémique
L’ancien footballeur Lilian Thuram, président de la fondation contre le racisme est l’auteur de « La Pensée Blanche ». Un ouvrage qui, depuis sa sortie, ne cesse de déchainer les passions voire les polémiques.
Dans un pavé de presque 300 pages, paru aux éditions Philippe Rey, Lilian Thuram raconte son histoire. Encore enfant, âgé de 9 ans, originaire de Guadeloupe, il arrive en France et rentre à l’école. Stigmatisé, insulté, traité de « sale noir », c’est l’incompréhension qui s’ajoute à la blessure. Devenu adulte, footballeur célèbre et adulé, les questions persistent. Il commence sa quête pour trouver des réponses à ces interrogations qui le taraudent : « Qu’est ce qui leur permet de penser qu’ils sont supérieurs à moi ? », « Pourquoi j’ai été infériorisé par mes camarades ?» Ses réponses, il va tenter de les trouver dans les livres. L’impressionnante bibliographie mentionnée par la publication en témoigne.
C’est après s’être nourri de lectures qu’il formulera ses réponses. L’auteur montrera à force d’analyses et d’exemples concrets, comment la pensée blanche représente un discours intellectuel, politique, scientifique, économique et culturel, qui a placé l’homme blanc au centre du monde. Au sommet de la hiérarchie de l’espèce humaine. Il s’agit d’une construction factice, dénonce-t-il, vieille dans le temps qui a réussi à s’imposer comme une évidence. Au point qu’être blanc, c’est donc être « normal ». Par déduction, tous les autres ; latinos, asiatiques, arabes, indiens, métis, noirs sont anormaux.
Il prend plusieurs exemples dont celui de la carte du monde telle qu’elle a toujours été présentée. L’Europe est au centre de la Terre. Les cartes avaient été dessinées par des navigateurs blancs, alors conquérants à la découverte de nouvelles terres et pionniers du commerce international. Elles ont peu évolué depuis.
Mettre à nu les conséquences de cette pensée blanche
Pas à pas, d’une idée à l’autre, l’auteur construit sa théorie selon laquelle « on ne nait pas blanc, on le devient ». C’est d’ailleurs une citation phare mentionnée sur la couverture de l’ouvrage. De la même façon, selon Lilian Thuram, on ne nait pas raciste on le devient. La pensée blanche ne se réfère pas à une simple pigmentation de la peau, mais à une entité sociale. Une construction préfabriquée liée à la domination de l’homme blanc, devenue référence unique et la seule norme qui compte. De ce fait, on peut être une personne noire et adopter une pensée blanche.
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Publié il y a quelques semaines, l’ouvrage n’a pas forcément été bien accueilli. Certains ont même critiqué Lilian Thuram du fait « qu’il développait lui-même une pensée raciste ». En accusant tous les blancs de racistes qui s’ignorent.
Or, l’objectif de l’auteur tel qu’il l’a expliqué dans ce livre qui s’inspire de son propre vécu et dans de nombreuses interviews qu’il a accordées, est de « tenter de briser le tabou sur la question de la domination blanche ». De mettre à nu les lourdes conséquences de cette « Pensée » sur l’humanité, comme diviser « les gens en catégories liées à la couleur de peau et casser les solidarités ». Une pensée tellement ancrée dans chacun de nous, relève-t-il, qu’elle agit sur les mentalités et sur le quotidien de manière insidieuse. Seule sa remise en cause, sa déconstruction, plaide le militant, permettra une nouvelle perception de l’humanité dans sa globalité. Non à travers le prisme réducteur et faussé de la couleur, de la race.