Sommet UE-UA : Quel bilan pour la délégation tunisienne ?

 Sommet UE-UA : Quel bilan pour la délégation tunisienne ?

Le président de la République Kais Saïed est rentré en Tunisie au terme de sa participation à la 6e session du Sommet Union européenne – Union africaine, qui s’est tenu les 17 et 18 février à Bruxelles. Aussitôt rentré, il a affirmé samedi qu’il a expliqué aux dirigeants du monde « la vérité de la situation en Tunisie ».

En guise de clôture de ce premier déplacement à l’étranger depuis l’été 2021, le chef de l’Etat avait pris part vendredi à une table ronde sur le thème « Education, culture, formation professionnelle, migration et mobilité », dans le cadre des travaux de ce sommet.

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Il avait eu, plus tôt dans la journée, des entretiens avec nombre de dirigeants participant au Sommet UE-UA, dont le président du Conseil présidentiel libyen Mohamed el-Menfi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.

Une vive polémique avait éclaté en Tunisie après que cette dernière ait publié sur son compte Twitter officiel une photo jugée « indécente », voire « méprisante », par certains éditorialistes et internautes tunisiens. Elle avait évoqué dans ce tweet initial rédigé en anglais « l’importance du retour à une démocratie parlementaire opérationnelle et à un équilibre institutionnel efficace », des propos illustrés par une image (ci-dessous) où l’on voit le président Saïed de dos, comme sur la sellette, recevant les directives en position d’accusé. Du moins c’est ce qui y ont vu les chroniqueurs pro nouveau pouvoir tunisien qui ont contacté le service presse de Metsola en vue de « laver cet affront ». Celle-ci s’est quoi qu’il en soit empressé de lever toute ambiguïté en remplaçant la photo en question.

La Tunisie parmi 6 pays africains autorisés à produire leur vaccin ARNm

Au chapitre des réussites dont se prévaut la délégation tunisienne à Bruxelles, une annonce quoique prévue de longue date : six pays d’Afrique, dont la Tunisie, ont été choisis pour héberger leur propre production de vaccins à ARN messager (ARNm), en tant que premiers bénéficiaires du programme mondial de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de production de ces vaccins.

L’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie ont ainsi été choisis par l’OMS afin de permettre au continent africain, qui a eu un accès d’abord restreint aux vaccins anti-Covid, de fabriquer ses propres vaccins. L’annonce du transfert de technologie ARNm a été faite en marge d’une cérémonie vendredi. Avant l’entame de la production, l’OMS devra élaborer avec les premiers pays retenus une feuille de route en matière de formation et de logistique.

Les nouvelles unités de productions en Afrique, destinées dans un premier temps à lutter contre la Covid-19, pourront par la suite fabriquer d’autres vaccins et produits pharmaceutiques dans un avenir proche.

 

Ombres au tableau

Hasard ou non du calendrier, au moment où le président Kais Saïed se trouvait à Bruxelles, le chef de la Représentation de la Banque européenne d’investissement (BEI) en Tunisie et en Algérie, Jean-Luc Revéreault, organisait une rencontre médiatique le 17 février.

L’homme a révélé que Saïed avait demandé au président de la BEI, Werner Hoyer, à l’occasion d’une précédente visite en Belgique en juin 2021, si cette institution pouvait financer l’ambitieux projet du TGV tunisien : « Le président de la République tunisienne lui avait parlé de ce projet… Mais nous avions décliné l’offre. Je pense qu’il y aura dans le futur moins de routes et plus d’infrastructures ferroviaires… La Tunisie devrait toutefois se focaliser sur le réseau déjà existant et son amélioration […]. Il est assez dense et nécessite un plan de réhabilitation important… Nous avons travaillé sur ce sujet avec la SNCFT et nous avons pu identifier des points critiques nécessitant un renforcement afin de faire rouler le train à une vitesse normale au lieu de se limiter à quarante km/h… L’étape d’après serait un train à grande vitesse, mais qui ne soit pas limité à Tunis-Sfax… Nous devons exploiter l’idée d’un TGV transmaghrébin », a-t-il affirmé.

Un énième épisode, ayant trait cette fois aux libertés, a par ailleurs entaché la participation tunisienne au Sommet de Bruxelles : au moment où la diplomatie s’évertuait à expliquer à qui veut bien l’entendre que la liberté d’expression serait toujours garantie, le député du Parlement suspendu Yassine Ayari a été condamné par contumace à 10 mois de prison par le Tribunal militaire de première instance de Tunis pour « atteinte au moral de l’armée » et « offense contre le chef de l’État », a-t-on appris via son avocat Me Malek Ben Amor.

Des accusations portées à l’encontre de l’élu suite à des publications Facebook au lendemain du 25 juillet 2021. Le mouvement politique de Yassine Ayari, qui se trouve à Paris depuis début février, a rejeté la sentence et rappelé qu’Ayari était resté muet lors des premières audiences, pour protester ainsi symboliquement contre les jugements militaires des citoyens civils.