Sommet de la Francophonie en Tunisie : « il y a un réel embarras »
10 mois après le coup de force Kais Saied, le maintien du sommet de la francophonie en Tunisie est de plus en plus incertain. La suspension des institutions et l’accaparement du pouvoir par le président tunisien poseraient problème aux grands pays de l’alliance francophone.
En octobre 2021, quelques semaines après la suspension de la Constitution par le président Kaid Saied, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avait décidé in extremis du report d’un an du sommet qui devait se tenir à Djerba, en Tunisie. Il s’agissait officiellement « de permettre à la Tunisie de pouvoir organiser cette instance importante dans les conditions les plus optimales ». La Tunisie avait initialement été choisie pour accueillir l’édition du 50e anniversaire de l’organisation. Mais, le pays en avait semblé incapable, pris en plein marasme économique et politique.
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À quelques mois de l’événement, l’inquiétude est toujours de mise. Ainsi que l’embarras de plusieurs capitales face aux velléités autocratiques de l’homme fort de Tunis. C’est en tout cas l’avis du diplomate franco-canadien Bertin Leblanc.
Le porte-parole de l’ancienne secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, estime qu’il y a une « inquiétude » dans les capitales francophones « du nord ». Si officiellement, l’organisation poursuit son cours, « il y a un réel embarras à Ottawa, Québec, comme dans les capitales européennes », explique-t-il au micro de RFI.
Vers un déplacement du sommet à Paris ?
La décision de maintenir ou pas le somment en Tunisie reviendra à l’actuelle patronne de l’organisation, Louise Mushikiwabo. Mais, contrairement à sa prédécesseuse, il estime qu’elle prendra certainement « ses instructions depuis l’Élysée ». Or sur la question tunisienne, la France et le Canada « seront en phase ». Les deux pays devraient donc s’accorder sur la position à tenir face au président Saied.
« Si le président de la République française reste cohérent, il y a des chances que le sommet soit annulé », estime ce connaisseur de la francophonie. Il imagine « mal que le président [Macron] et le Premier ministre canadien (…) se retrouvent à la même table qu’un président qui s’est accaparé l’ensemble des pouvoirs ».
Parmi les solutions possibles pour pallier le boycott de la Tunisie, la Francophonie a déjà évoqué la possibilité de se réunir pour un mini-sommet à Paris. Elle marquerait là sa méfiance vis-à-vis du pouvoir de Tunis. Une façon aussi d’exprimer une certaine déception, compte tenu de « l’histoire importante de la Tunisie dans la francophonie et le développement des démocraties dans la région ».