Sofia Boutrih : Première femme à la direction de la Fête de l’Humanité
Sofia Boutrih, conseillère municipale à Saint-Denis, a été nommée directrice de la Fête de l’Humanité, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste prestigieux, depuis la création de l’événement en 1930. Elle prend ses fonctions ce lundi 21 octobre. Retour sur ses premiers pas, ses ambitions et sa vision pour cet événement emblématique.
Vous attendiez-vous à être nommée directrice de la Fête de l’Humanité ?
Sofia Boutrih : Pas vraiment ! En juillet dernier, j’ai pris un café avec Fabien Gay (NDLR : sénateur et directeur du journal L’Humanité), et il m’a proposé le poste. À ce moment-là, je m’occupais de mon père, qui vivait ses derniers moments, donc j’ai demandé un temps de réflexion. Je voulais être certaine de pouvoir m’engager à 100%. Ma décision a mûri, et j’ai donné ma réponse six semaines plus tard.
Vous êtes la première femme à occuper cette fonction. Que représente cette nomination pour vous ?
Sofia Boutrih : C’est une immense fierté. Avant moi, de grands directeurs ont su, avec leurs équipes, faire de la Fête ce qu’elle est aujourd’hui. Mais cette nomination marque un tournant. Je souhaite apporter à l’événement une dimension plus populaire et politique avec une sororité plus forte, tout en restant fidèle à son esprit originel.
La majorité des festivaliers viennent pour les concerts. Comment envisagez-vous cet aspect ?
Sofia Boutrih : C’est vrai, les concerts sont un atout majeur de la Fête. Cette année, j’ai participé avec un regard différent, en observant ce qui pouvait être ajusté. Et si beaucoup viennent d’abord pour la musique, j’ai remarqué une participation record aux débats.
Les discussions autour du NFP (NDLR : Nouveau Front Populaire) ont rassemblé énormément de monde, et la présence d’intervenants comme Angela Davis ou Dominique de Villepin a été un véritable aimant. Les gens veulent confronter leurs idées, échanger, et c’est un aspect que je veux renforcer.
Mon objectif est que la Fête de l’Humanité devienne un événement politique et culturel incontournable de la rentrée.
Quelle sera la « touche Sofia Boutih » pour la Fête ?
Sofia Boutirh : C’est encore difficile à dire, car je n’ai pas encore pris officiellement mes fonctions. Mais je tiens à travailler de manière collective. Mon but est de rassembler, y compris ceux qui sont éloignés de la politique. À Saint-Denis, je fais ce travail quotidiennement, en cherchant toujours à éviter les divisions.
La Fête de l’Humanité incarne un principe d’accessibilité : pendant trois jours, elle offre des concerts, des débats et des rencontres pour seulement 40 euros. Ce tarif est nettement moins élevé que celui de festivals comme Solidays ou Rock en Seine, tout en présentant également de grandes têtes d’affiche. Cependant, je suis consciente que 40 euros, pour certains, c’est encore trop.
J’aimerais faire de la Fête le haut lieu de rencontre humaine et d’éducation populaire, pour toute une génération afin de semer des graines d’espoir et de lutte partout en France et dans le monde.
Je prévois aussi de faire un Tour de France pour mieux comprendre les attentes de celles et ceux qui participent à cet événement à travers le pays.
Les 16 et 17 novembre prochains, je serai à la Fête de l’Humanité en Normandie, ma première en tant que directrice ! Et par la suite, je me rendrai à Nantes, Bordeaux, Marseille et Lyon. Rendez-vous dans deux mois pour en discuter davantage !