Une membre d’Amnesty international poursuivie pour avoir aidé deux mineurs isolés étrangers

 Une membre d’Amnesty international poursuivie pour avoir aidé deux mineurs isolés étrangers

Martine Landry


Nouvelle année, vieilles habitudes du côté de la frontière franco-italienne. Aujourd'hui (8 janvier), une membre d'Amnesty international France (AIF) comparait devant le tribunal de Nice, elle est accusée d'avoir « facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière ». Pour les responsables de l'AIF, cette accusation est non-fondée et met en lumière, une nouvelle fois, la criminalisation dont sont victimes les personnes qui apportent une aide humanitaire aux migrants.


A qui la faute ?


Le 28 juillet dernier, Martine Landry récupère deux mineurs étrangers isolés au poste frontière de Menton/Vintimille, afin de les accompagner à la Police aux frontières (PAF) pour ensuite être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE). Le 2 août, elle est convoquée par la PAF qui l'accuse d'avoir pris en charge les deux mineurs en Italie. Une accusation démentie par l'AIF, qui soutient que les enfants ont été accueillis du côté français et que le problème est ailleurs : « L'argument le plus fondamental, dans ce cas comme en général, c'est que les mineurs non-accompagnés de toute façon, n'auraient jamais dû être renvoyés en Italie. C'est une obligation internationale, et nationale pour la France, de protéger les mineurs ».


« Situation grave »


Le cas de Martine Landry révèle un problème plus profond selon Sylvie Bigot-Vilain, directrice générale d'AIF : « Cette affaire est emblématique de la situation grave en France qui est la criminalisation des personnes qui apportent une aide humanitaire et juridique aux migrants (…) nous les embêtons mais les autorités françaises cherchent à intimider non seulement les migrants et réfugiés eux-mêmes (…) mais aussi les personnes qui réagissent par humanité, engagées dans des associations comme Amnesty France, l'Anafé… ».


Ouvrir le débat


Concernant l'issue de cette audience devant le tribunal de Nice, Amnesty international France espère que « la justice française reconnaisse que Martine Landry n'est absolument pas coupable des  faits qui lui sont reprochés et qu'elle soit relâchée ». Mais l'association veut également que ce soit l'occasion d'ouvrir le débat « pour arrêter de criminaliser les personnes qui portent assistance aux réfugiés ». D'autant plus que les textes du projet de loi immigration seront présentés début 2018 aux parlementaires.


Charly Célinain