Une conférence sur la discrimination au travail ce mardi à Paris
Le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) organise ce mardi 28 janvier à 18h à la bourse du travail de Paris une conférence sur le thème « Racisme et discrimination au travail ». Elle réunira le sociologue Saïd Bouamama, Anasse Kazib, Tiziri Kandi, les grévistes de Chronopost et celles de l'hôtel Ibis Batignolles…
Pourquoi un tel colloque ?
En 2018, les cheminots chibanis ont gagné aux prud’hommes face à la SNCF. La justice a reconnu qu’ils avaient été discriminés par rapport à leurs collègues français. Nous étions à leurs côtés et leur victoire a fait naitre l’envie de travailler sur la question de la discrimination au travail. Ce sujet n’est pas assez pris au sérieux par les syndicats, même si certains efforts ont été faits ces dernières années, alors que ces discriminations ont un impact énorme sur les immigrés mais aussi sur leurs enfants. Je rappelle que dans un système capitaliste, le travail est la base de subsistance de tout le monde. On tient à rappeler qu’on n’invente pas ses combats. Nos anciens se sont toujours battus. Nous sommes dans la continuité de leurs luttes. Si on ne prend pas notre destin en main, si on ne saisit pas de ces questions là nous-mêmes pour les « visibiliser », les syndicats ne bougeront pas.
En quoi les travailleurs étrangers sont plus discriminés que leurs homologues français ?
Les travailleurs étrangers et leurs enfants font les métiers les plus pénibles en France. Certains employeurs profitent de la vulnérabilité des travailleurs immigrés, soit parce qu’ils n’ont pas de papiers, soit parce qu’ils ont une carte de résident qu’il faut renouveler. Quand tu es immigré, tu es plus exploité qu’un travailleur français. Quand tu es un enfant d’immigré, tu subis le « plafond de verre », c’est à dire que tu peux être bloqué dans ton évolution de carrière. Peu importe que tu ais fait des études : à compétence égale, quand tu as un nom maghrébin et que tu envoies ton CV, tu as 25% de moins de chance d’être contacté.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Déjà, il faut agir afin que toutes les discriminations légales disparaissent. Nous demandons la suppression totale de la clause de la nationalité. Aujourd’hui, plus de 7 millions d’emplois sont interdits aux non ressortissants européens, soit 30 % des emplois ! Nous souhaitons aussi une reconnaissance plus forte des diplômes étrangers afin de faire cesser la pratique de l’embauche de personne en sous-qualification. Il faudrait aussi des sanctions pécuniaires significatives pour toute discrimination. On devrait aussi créer une veille, mettre en place un soutien juridique sur les lieux de travail pour toute personne se disant victime de discrimination