Semaine contre l’état d’urgence permanent à Paris

 Semaine contre l’état d’urgence permanent à Paris

Du 12 au 16 février se tient la semaine contre l’état d’urgence permanent.


Près de quatre mois après l'adoption de la loi « anti-terroriste », incluant des mesures de l'état d'urgence, les opposants continuent de dénoncer une loi liberticide.


 


Loi coloniale ?


Toute cette semaine (12-16 février), une semaine contre l'état d'urgence permanent est organisée. Conférences, expositions, projections, autant d'événements tendant à montrer la dangerosité d'un état d'urgence rendu permanent par la loi adoptée par les parlementaires en octobre dernier. Dès ce soir (12 février), une conférence réunissant plusieurs experts aura lieu à Paris. A cette occasion, les organisateurs mettent l'accent sur les origines de cette loi, dont la base a été créée pour « répondre à l’insurrection algérienne » : « Comme le dit Sylvie Thénault (historienne), la loi de 1955 a été choisie non pas « en dépit de son origine coloniale » mais « précisément en raison de cette origine, pour adresser aux Français qui considèrent la lutte contre l'insécurité comme l'un des chantiers majeurs du présent un message de fermeté. ». L'état d'urgence est autant une loi de répression politique qu'une loi coloniale ».


 


Lois sécuritaires


Outre la loi dite « anti-terroriste », ce sont plusieurs dispositions sécuritaires qui sont venues renforcer cette dernière, comme la prolongation des contrôles aux frontières intérieures Schengen en novembre dernier. Pour les organisations d'aide aux étrangers, le motif de la lutte anti-terroriste n'est qu'un prétexte : « Il est très clair que l’objectif premier est de limiter drastiquement la liberté de circulation des personnes migrantes au sein de l’UE et tout particulièrement de celles venant d’Italie, de Grèce et d’Espagne ».


 


2020


La date de révision de la loi « anti-terroriste » a été fixée, par les parlementaires, à 2020. L'état d'urgence est donc inscrit dans le droit commun pendant encore deux ans, ce qui inquiète Malik Salemkour, président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) : « Notre principale inquiétude c'est de savoir quelle sera l'étape d'après, si la France est à nouveau touchée par un attentat immonde et violent ? (…) Là, par cette mesure, nous n'avons plus de levier pour pouvoir agir, sauf à sortir véritablement de la démocratie… »


Les mots sont lourds, les inquiétudes réelles quant à certaines dérives qui pourraient se reproduire sous prétexte de lutte anti-terroriste. Les opposants à « l'état d'urgence permanent » restent vigilants et cette semaine d'événements marque leur détermination à défendre une certaine démocratie. 


Charly Célinain