Saint-Denis. Leïla, enceinte de 3 mois, tuée par son conjoint
Trop, c’est trop. Depuis le début de l’année, il s’agit de la 71e victime de féminicide. Leïla, une femme de 20 ans enceinte de trois mois, est morte frappée par son mari mercredi 4 juillet au matin à Saint-Denis. Et pourtant, elle était allée à la police la veille de sa mort pour déposer une main courante contre son compagnon, de deux ans son aîné, pour dénoncer les multiples violences conjugales dont elle était victime.
Ce sont les cris de la jeune femme qui ont alerté un voisin de palier. Après avoir entendu des hurlements, celui-ci a sonné chez la victime. Lorsque son conjoint a ouvert la porte, le voisin a vu le corps inanimé de cette femme et a appelé les secours.
La victime portait plusieurs traces de coups. Elle a été ranimée par les secours avant d’être prise en charge à l’hôpital Delafontaine, où elle a succombé à ses blessures, tout comme le fœtus qu’elle portait. Son compagnon a été placé en garde à vue pour homicide volontaire. Leïla, la jeune femme tuée, avait déposé la veille une main courante contre son conjoint.
Jusqu’au décès de Leila, 70 féminicides avaient été dénombrés depuis le début de l’année 2019 par le Collectif des proches et familles de victimes de féminicides. En 2017, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit près d’une tous les trois jours, contre 123 en 2016, selon des chiffres communiqués par le gouvernement.
Avec pour mot d’ordre « protégeons-les », la Fondation des femmes et plusieurs organisations féministes (Collectif féministe contre le viol, #NousToutes, Fédération nationale solidarité femmes…), appellent à se réunir ce samedi à 17 heures sur la place de la République à Paris afin d’alerter sur la réalité des féminicides conjugaux.
Dimanche dernier, le Collectif des proches et familles de victimes de féminicides signait une tribune publiée dans Le Parisien, dans laquelle celui-ci demandait « solennellement au président de la République d’être le premier homme politique français à mettre fin à ce massacre », avant d’ajouter :
« Combien faudra-t-il de meurtres, d’orphelins et de marches blanches pour que nous prenions enfin conscience de la gravité du problème ? ».
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a expliqué au début de la semaine vouloir « généraliser » l’utilisation d’un bracelet électronique permettant de maintenir à distance les ex-conjoints violents pour lutter contre les violences conjugales.
Utilisé dans plusieurs pays européens dont l’Espagne, où les chiffres des meurtres de femmes ont baissé de manière significative depuis dix ans, le port de ce bracelet est prévu par la loi en France depuis février 2017. Mais il n’a encore jamais été testé, malgré les demandes répétées de la juridiction de Pontoise (Val-d’Oise) pour une expérimentation.