Naufrage en Tunisie : politique migratoire en question

 Naufrage en Tunisie : politique migratoire en question

Des migrants tunisiens en mer Méditerranée. © AFP


Samedi dernier, le naufrage d’une embarcation clandestine au large de la Tunisie fait 52 morts. Des associations pointent la politique migratoire tunisienne.


Crise économique


Plus de cinquante morts, un nombre de disparus en mer restant à déterminer, ce naufrage au large des îles Kerkennah ravive les questions autour de la politique migratoire du gouvernement tunisien. Avec la crise économique, les chiffres de l’émigration non-réglementaire sont en forte hausse. « Selon les estimations du FTDES, le nombre des migrants en 2017 dépasse les 15000 personnes dont 6151 ont été interceptées par les autorités italiennes » révèle plusieurs organisations et associations, pas uniquement tunisiennes, qui appellent à un rassemblement de solidarité (8 juin) avec les trop nombreuses victimes des naufrages près des côtes tunisiennes.


Jeunesse sacrifiée ?


Une des catégories de population, la plus exposée à ces candidatures à la traversée clandestine de la méditerranée, est la jeunesse tunisienne. Si certains ont peu de cartes en main, le peu de perspectives pousse également « de plus en plus de jeunes dotés de compétences techniques et scientifiques élevées » à l’exil. « Ils cherchent par tous les moyens à partir, ça fait des années que ça dure. Ce n'est pas nouveau » constate amèrement un membre du bureau de l’Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF).


Manque de moyens


« Le gouvernement tunisien ne met pas assez de moyens en mer. Pas assez pour surveiller, arriver rapidement sur les lieux d'une éventuelle catastrophe » déplore l’ADTF. Un manque de moyens qui se fait également ressentir par le peu d’informations données aux familles concernant les victimes et les disparus. Les nombreuses associations et organisations appelant au rassemblement de solidarité ce soir à Paris, militent dans l’espoir que le gouvernement tunisien donne la priorité au redressement économique pour prévenir les envies de départ, plutôt que de céder aux tentations sécuritaires : « Nous exhortons le gouvernement tunisien à renoncer à l'approche sécuritaire de l'émigration non-réglementaire ».


Les répercussions de la politique migratoire européenne sur le sol africain sont bien tangibles. La constance du nombre de migrants morts en mer rappelle l’accent mis sur la fermeture des frontières, rendant secondaires les vies des candidats à une entrée sur le Vieux continent.


Rassemblement de solidarité avec les victimes des « naufrages tunisiens » à 18h30, Paris 1er.


Charly Célinain