Mohamed Amrouni, l’un des chibanis du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine est décédé

 Mohamed Amrouni, l’un des chibanis du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine est décédé

Mohamed Amrouni


C'est une bien triste nouvelle. Mohamed Amrouni, l'un des "Chibanis du 73 Faubourg Saint-Antoine" est mort comme il est arrivé en France. Seul. Cet Algérien de 69 ans a été retrouvé sans vie il y a quelques jours dans son studio parisien, dans le 19e arrondissement. "C'est le gardien, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de lui qui a retrouvé son corps", détaille, la voix émue, Omar, un de ses ami. "Il a succombé à une crise cardiaque", continue ce dernier.  

 


Originaire de Tigzirt en Kablylie, Mohamed Amrouni était arrivé à Paris en 1968. Retraité depuis 2014, jamais marié et sans enfant, il avait travaillé en tant que cuisinier dans des restaurants d'entreprise. Il envoyait une partie de son salaire en Algérie pour financer les études de ses frères et sœurs.


Après avoir vécu dans des hôtels meublés délabrés de Belleville, puis dans les foyers de travailleurs immigrés (Sonacotra), il atterri en 1999 au 73 rue du Faubourg Saint Antoine, à deux pas de la Place de Bastille. Un endroit tristement connu quand début 2015 une quarantaine de chibanis dont Mohamed faisait partie, étaient finalement expulsés de leur hôtel meublé par les CRS après une lutte farouche de plusieurs mois menée par ces vieux travailleurs immigrés (voir nos nombreuses éditions). 


Un élan de solidarité était alors né. Sous la pression populaire et avec l'aide du  maire adjoint chargé du logement Ian Brossat, tous les chibanis avaient été finalement relogés à Paris. Mohamed Amrouni, un des leaders du mouvement, avait obtenu un studio dans le 19e arrondissement. 


Farida Zidelkhile s'était liée d'amitié très vite avec lui. Elle se souvient : "le soir de leur expulsion, je suis allée au foyer où les chibanis avaient été hébergés J’ai pensé à mon papa et à tous les autres qui se sont mis en quatre pour reconstruire la France. Dès notre première rencontre avec Mohamed, j’ai eu un coup de cœur. J'ai tout de suite aimé sa force, son courage, son humour". 


Farida avait été tout de suite impressionnée par la qualité des échanges qu'elle avait eu avec lui. "Ce monsieur était un érudit, une bibliothèque vivante. Un jour en voiture, en croisant les rues parisiennes, il m'a parlé de Voltaire, de Rousseau, de Zola ou encore du Général de Gaulle. On prenait un immense plaisir à parler histoire, littérature, sociologie ou philosophie ", raconte la larme à l'œil la jeune femme.


"Mohamed était un homme très ouvert, un citoyen du monde. Ce que j’adorais aussi chez lui, c’était sa patate ! Nous avons beaucoup dansé, chanté. Il était toujours de bonne humeur. On s’appelait de temps à autre", dit encore Farida. "Il va nous manquer. C'est terrible ce qui lui est arrivé".


La rédaction du Courrier de l'Atlas s'associe à la douleur de sa famille.

Son corps sera enterré à Tigzirt en Kablylie. Pour celles et ceux qui souhaitent lui rendre un dernier hommage, la levée du corps aura lieu ce jeudi 16 août à 14h30, au 2 voie Mazas 75012 Paris.