Lutte contre l’islamisme ou chasse aux sorcières ?

 Lutte contre l’islamisme ou chasse aux sorcières ?

Emmanuel Macron a appelé « la nation tout entière » à se mobiliser contre « l’hydre islamiste ».Pascal Pavani/AFP


Dans un discours au ton résolument offensif, voire martial, prononcé pendant la cérémonie d’hommage aux policiers tués le 3 octobre, Emmanuel Macron a pris pour cible le « terrorisme islamiste ». Évoquant une « hydre islamiste », le président a appelé « la nation tout entière » à se mobiliser.


« Nous mènerons le combat sans relâche », a promis le Chef de l’État, tout en précisant que « ce n’est en aucun cas un combat contre sa religion, mais contre son dévoiement ».


« Les maires répondront présents » à cet appel à bâtir « une société de vigilance » contre la radicalisation islamiste, a rapidement réagi mercredi François Baroin, président de l’Association des maire de France (AMF), tout en soulignant la nécessité d’être « méthodiques » pour éviter « tout amalgame ».


« Le président de la République, s’il appelle à une société de vigilance, doit mettre tous les acteurs autour de la table », a aussi souhaité sur France Info le président (LR) de l’AMF. Le chef de l’État « a naturellement raison d’appeler à la solidarité nationale » et « évidemment les maires répondront présents comme ils l’ont toujours fait lorsqu’il s’agit d’ordre public et de préservation de nos fondamentaux républicains », a-t-il ajouté.


 


Réaction d’orgueil


Pour Xavier Crettiez, professeur de sciences politiques à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, il faut plutôt entendre le discours du président Macron comme « une déclaration d’orgueil face à une humiliation symbolique pour l’État, qui a été atteint dans ce qui constitue son identité régalienne même ». Mais, « ce n’est pas aux citoyens de veiller à ce qu’il n’y ait pas de pratiques terroristes. Ils ne sont pas formés à ça, alors qu’il y a en France des professionnels de la lutte antiterroriste » ajoute pour France Info le coauteur de Soldats de Dieu – Paroles de djihadistes incarcérés.


« Je vais espionner quoi ? Je vais voir quoi ? Que mon voisin va de temps en temps prier à la mosquée ? Qu’il lit des livres en arabe ? Que dans le RER, un passager regarde une page Facebook en arabe avec une image de guerre en Syrie ? Après tout, moi, prof d’université, je fais exactement la même chose puisque je travaille beaucoup sur le conflit syrien », ironise l’universitaire.