Lons-le-Saunier : Mamady Condé, un jeune Guinéen expulsé à la veille de son mariage

 Lons-le-Saunier : Mamady Condé, un jeune Guinéen expulsé à la veille de son mariage


Depuis cinq ans, Ophélie Gaudillier et Mamady Condé, tous deux habitants de Lons-le-Saunier dans le Jura, s’aimaient. Ils s’aimaient tellement qu’ils devaient se marier le 16 novembre. A quarante-huit heures de leur union, la police débarque au domicile des beaux-parents de Mamady, un Guinéen sans papiers de 24 ans.


Frappé d'une obligation de quitter le territoire, il est embarqué au centre de rétention de Plaisir dans les Yvelines. Le 10 décembre, malgré un comité de soutien très actif, il est expulsé en avion vers son pays d’origine. Cruel…


 « Je garde l’émotion pour moi, mais le soir, c’est compliqué pour s’endormir », a expliqué à nos confrères de France 3 sa compagne Ophélie Gaudillier. Après cinq ans de relation, la séparation est difficile à accepter. 


A Plaisir dans les Yvelines, juste avant d’embarquer pour la Guinée, Mamady avait pu se procurer un téléphone pour appeler son amoureuse. : « Il essayait de ne pas le montrer par la voix, mais j’arrivais à sentir qu’il n’était pas bien. Il ne me disait pas tout. ». 


Mamady Condé avait 17 ans quand il arrive à Lons-le-Saunier en 2014. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, il intègre le dispositif des mineurs isolés étrangers (MIE). Il reprend des études et obtient son CAP de peinture. La majorité passée, Mamady cherche à obtenir des papiers ; sans succès, et ce, malgré de nombreux recours.


Depuis le centre de rétention, Mamady Condé a envoyé une lettre au Préfet du Jura, pour un recours gracieux. Un appel qui n’a pas été entendu par la Préfecture. 


A Lons-le-Saunier, à l’annonce de son arrestation, un comité de soutien avait été mis en place. Alexandre Cardot, membre du collectif, peste face à cette situation : « C’est une honte, parfois, on a honte d’être Français, Mamady n’a rien demandé ». Il explique qu’une promesse d’embauche avait été adressée au jeune Guinéen.


Pas suffisant pour la Préfecture de Police, qui refuse de lui accorder un titre de séjour et décide de le renvoyer vers son pays d’origine. Alexandre ne décolère pas: « Il a tout fait pour que ça aille. Derrière, on lui flingue sa vie, c’est dégueulasse ».