Les enseignants contre la sélection à l’entrée des universités

 Les enseignants contre la sélection à l’entrée des universités


Suite au couac de la rentrée 2017, lors duquel la plateforme d'admission post-bac (APB) avait laissé plus de 3000 bacheliers sans affectation, le gouvernement a lancé cette semaine une nouvelle plateforme nommée « Parcoursup » pour remplacer APB. Pourtant plusieurs acteurs universitaires et du secondaires mettent déjà en garde contre un système qui favoriserait la sélection à l'entrée des universités.


Précipitation


Alors, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, vient de lancer « Parcoursup ». Des enseignants universitaires ont déjà mis en place un meeting à Paris (20 janvier) pour mettre en garde contre un système de sélection à l'entrée des universités. 


« Le gouvernement met la pression sur les universités pour mettre en place une réforme dont la loi n'est pas votée (…) On apprend la procédure par le FAQ du site Parcoursup. Les premières informations sur Parcoursup sont tombées juste avant les vacances de Noël, les vœux sont saisis la semaine prochaine et le 15 mars c'est bouclé » explique Matthieu Hély, président de l'ASES (Association des sociologues enseignants du supérieur), association à l'initiative du meeting.


Egalité ?


Avec le nouveau dispositif « Parcoursup », les universités ne peuvent refuser une candidature, mais « si vous ne remplissez pas les attendus nationaux qui sont très vagues et qui concernent chaque filière, l'université peut dire "oui on va vous inscrire à condition que vous suiviez un dispositif d'accompagnement de remise à niveau" », précise le président de l'ASES.


Pour les filières les plus attractives, la sélection est clairement mise en place : « on va se débarrasser des candidatures les plus faibles, parce que ce sont les notes qui seront prises en compte. Chaque université met en place sa propre usine à gaz pour faire sa sélection. Donc, selon des critères qui ne sont pas nationaux, ce qui conduit à une rupture complète d'égalité de traitement des candidats ».


Informer


Pour l'ASES, cette réforme, mise en place dans la précipitation, revient sur le principe inscrit dans le code de l'éducation selon lequel le baccalauréat est le diplôme qui donne droit d'accès aux études supérieures.


De plus, très peu d’informations sont données concernant les parcours de remise à niveau censés être mis en œuvre pour les candidats qui ne remplissent pas les critères : « Nous ne savons pas qui les fera, comment, ni avec quels moyens… », confie Matthieu Hély.


Demain, pour le meeting intitulé « Universités : la sélection n'est pas la solution », des enseignants de toute la France seront présents, d'une part pour informer sur cette nouvelle réforme et d'autre part pour trouver une alternative.


Pour l'ASES, cette réforme va dans le mauvais sens : « L'objectif est de détruire l'université publique et de faire un marché de l'enseignement supérieur ». 


Charly Célinain


« Universités : la sélection n'est pas la solution ! » rassemblement unitaire, samedi 20 janvier 2018 à partir de 14h à la Bourse du travail (Paris 11).