Le Sénat supprime les avantages fiscaux pour le prêt de logements aux sans-abri
Le Sénat à majorité de droite a voté mardi des amendements du gouvernement supprimant des avantages fiscaux votés par l’Assemblée nationale pour les personnes mettant à disposition des logements pour les sans-abri ou mal-logés.
Le Sénat a ainsi supprimé deux articles insérés par des députés LREM dans le projet de budget 2019 contre l’avis du gouvernement. L’un prévoyait la possibilité de déduire de l’impôt sur le revenu d’un propriétaire le montant de la taxe foncière d’un bien immobilier gracieusement mis à disposition des associations d’accueil et de logement des personnes défavorisées ou de ressources modestes reconnues d’utilité publique. Le rapporteur général du budget Albéric de Montgolfier (LR) a donné un « avis plutôt bienveillant à la suppression d’un dispositif mal calibré ».
Le second ouvrait le droit de réduire de l’impôt sur le revenu 66 % du montant de la valeur locative d’un bien immobilier gracieusement mis à disposition de ces mêmes associations. Le Sénat a également supprimé, toujours via un amendement du gouvernement, un article créant un crédit d’impôt au bénéfice des contribuables hébergeant une personne ayant obtenu le statut de réfugié depuis moins d’un an, à hauteur de 5 euros par nuit, jusqu’à 1 500 euros par an. La proposition d’amendement avait été portée à l’Assemblée par le député LREM Aurélien Taché.
Pour le gouvernement, le recours à la fiscalité « ne constitue pas un moyen adapté pour répondre aux enjeux d’accueil et d’intégration des personnes réfugiées ». La sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie a dit ne pas comprendre que « le gouvernement souhaite supprimer un dispositif intégrateur et financièrement intéressant ». « Nous manquons dramatiquement de places d’hébergements : en 2019, 7 000 places supplémentaires sont prévues, pour 25 000 réfugiés de plus ! Le coût s’établit entre 17 euros et 25 euros par nuit », a-t-elle souligné.
Des associations tentent pourtant de mobiliser citoyens et entreprises pour mettre des logements vacants et accueillir des sans-abri, notamment en prévision de la période hivernale. Ces incitations fiscales auraient dû soutenir leur action tout en réduisant le coût pour la collectivité. En janvier, la SNCF avait ainsi ouvert un immeuble parisien de 50 logements vacants au profit de l’association Droit au logement (DAL).
Rached Cherif
(Avec AFP)
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