Le mouvement MeToo ébranlé par les contradictions d’Argento
Asia Argento sur les marches du Festival de Cannes
Une accusation d'agression sexuelle sur mineur visant l'actrice Asia Argento a réveillé les critiques vis-à-vis de #Metoo, dont elle est l’une des figures de proue. Un rebondissement qui pousse le mouvement féministe à l’introspection.
Pour la Youtubeuse nationaliste Virginia Vota, le scandale qui vise Asia Argento, accusée d'avoir violée Jimmy Bennett alors mineur de 17 ans, nous questionne notamment sur un sujet tabou : le viol des hommes et leur parole
L'actrice italienne, qui pour rappel est l’une des principales accusatrices d'Harvey Weinstein, est soupçonnée d'avoir abusé sexuellement en 2013 de Jimmy Bennett, un acteur et musicien de rock américain âgé de 17 ans et 2 mois à l'époque, et qui jouait le rôle de son fils… L'actrice était quant à elle à l'époque âgée de 37 ans, sachant que l'âge légal du conscentement sexuel dans l'Etat de Californie est de 18 ans.
Elle est soupçonnée également d'avoir acheté son silence, ce qu'elle a nié, contre la bagatelle de 380.000 US Dollars via un deal judiciaire.
L'information, publiée dans le New York Times, citant des documents envoyés par une source non identifiée, a immédiatement suscité en France des réactions critiques dans les médias et sur les réseaux sociaux, se répercutant sur l'ensemble du mouvement #Metoo.
« L'arroseuse arrosée », #MeToo éclaboussé
C’est ce qu’a notamment tweeté Franz-Olivier Giesbert, ajoutant : « On ne se méfie jamais assez des marchands de vertu, des donneurs et des donneuses de leçons. Ce sont les pires ennemis de leur cause. »
« Comment peut-on se présenter en justicière quand on se sait coupable ? », s'est demandé sur Twitter Françoise Laborde, journaliste et fondatrice d'une association pour les femmes dans les médias, estimant que cela allait "affaiblir la parole des toutes les autres victimes" ».
En apprenant les accusations visant Asia Argento, « j'ai été surprise et déçue », affirme pour sa part Raphaëlle Rémy-Leleu, militante d'Osez le féminisme, tout en appelant à la prudence.
Cela « conforte bien l'idée que les agressions sexuelles sont liées à des questions de pouvoir et de domination, qui n'épargnent personne, aucun milieu, et qu'il faut continuer à en parler », conclut-elle.
Les faits reprochés « sont graves », mais ils « n'enlèvent en rien son statut de victime » à Asia Argento, plaident les canaux féministes.
En clôture du dernier festival de Cannes, Argento avait prononcé un discours incendiaire, accusant Harvey Weinstein de l'avoir violée en 1997 « ici à Cannes ».
« Et parmi vous, dans le public il y a ceux que l'on devrait pointer du doigt à cause de leur comportement envers les femmes, un comportement indigne de cette industrie, de n'importe quelle industrie. Vous savez qui vous êtes. Plus important encore, nous, nous savons qui vous êtes », avait-elle ajouté sur un ton inquisiteur.
Réaction de la manosphère
Basé à Londres, l’Observateur, Youtubeur se réclamant du masculinisme, a pour sa part surfé sur l’évènement en lançant un hashtag très suivi ces dernières 48 heures sur Twitter #BalanceTaPouffe sous forme de représailles au tout aussi ordurier hashtag « #BalanceTonPorc ».
« Ce #BalanceTaPouffe « est une réponse humoristique au « # Balance ton porc » qui a vu des milliers de femmes se déchainer impunément sur les réseaux sociaux en stigmatisant les hommes et en dénonçant, souvent à tort, des harcèlements qui n’ont jamais eu lieu. Twitter a remplacé la justice, et il s’suffit qu’une femme raconte une histoire pour que la terre entière la considère comme étant vraie, sans que la justice n’ai eu le temps de faire son travail. Vous comprendrez donc que dans un état de droit, ces dérives, où le réseau social remplace la justice, sont dangereuses et ne doivent plus être tolérées », explique le Youtubeur.
Prendre ses distances avec Asia Argento ? Souligner les stigmates aux conséquences imprévisibles des agressions sexuelles ? Les accusations contre l'actrice italienne ont quoi qu’il en soit jeté un pavé dans la mare du mouvement #MeToo, affaibli, l'obligeant à un examen de conscience sur une histoire plus complexe qu'il n'y paraît.
