Le héros malien de Montreuil se voit offrir la nationalité française

 Le héros malien de Montreuil se voit offrir la nationalité française

Le jeune Malien a escaladé une façade en quelques secondes pour secourir un enfant suspendu dans le vide (capture d’écran).


La vidéo où on le voit escaladant une façade pour sauver un enfant suspendu dans le vide a fait le tour du monde : Mamoudou Gassama est un migrant malien de 22 ans passés par la Libye qui vivait dans un foyer à Montreuil. Grâce à son geste héroïque, le jeune homme s’est vu offrir la nationalité française lors de son entrevue avec le Président de la République à l’Élysée. 


« J'ai pensé à le sauver et Dieu merci, je l'ai sauvé » : le jeune homme sans-papiers rebaptisé « Spiderman » résume aussi simplement son geste spectaculaire, dont la vidéo a été visionnée des millions de fois sur les réseaux sociaux.


Samedi soir, Mamadou Gassama avait escaladé en quelques secondes un immeuble parisien par les balcons pour sauver l'enfant suspendu au 4e étage. Un acte de bravoure qui lui a valu d'être reçu lundi matin à l’Élysée par le chef de l’État, qui lui a proposé d'être naturalisé français. « Vous être devenu un exemple, il est normal que la nation soit reconnaissante », a affirmé Emmanuel Macron.


« Ça me fait plaisir parce que c'est la première fois (que je) gagne un trophée comme ça », a commenté Mamoudou Gassama, après avoir reçu un diplôme et une médaille pour « acte de courage et de dévouement ». Son geste rappelle celui d'un autre Malien, Lassana Bathily, un demandeur d'asile qui avait fourni des éléments-clé aux forces de l'ordre lors de la prise d'otages du supermarché Hyper Cacher en janvier 2015.


Dans la chambre où il est hébergé par des membres de sa famille, originaires comme lui du village de Yaguiné, son frère aîné, Birama, 54 ans, s'enthousiasme : « On est fier de lui », dit-il, en décrivant un homme « gentil », qui « aime aider les autres », bref « un vrai héros ». Il décrit aussi un sportif né : « Depuis tout petit, il faisait du football au village », glisse Birama.


 



 


Mamoudou Gassama a quitté son pays en 2013. « Au Mali, je n'avais pas de moyens, pas de personnes qui m'aident. Mon père n'était pas là », a raconté le jeune homme à Emmanuel Macron, en rappelant que « beaucoup de monde part pour aller chercher ailleurs ».


Il emprunte alors, comme beaucoup, la route remontant vers l'Europe : Burkina Faso, Niger, puis la Libye où il a « beaucoup souffert », alors que, pendant plus d'un an, il survit en travaillant avec des amis. « On nous a attrapés, frappés, mais je ne me suis pas découragé », raconte-t-il.


Il finira par gagner l'Italie. Mais « je ne connaissais personne en Italie », a-t-il affirmé à Emmanuel Macron, en expliquant avoir voulu rejoindre son frère, installé en France « depuis 20 ou 30 ans ». Depuis son arrivée en France, il travaillait « au noir dans le bâtiment », selon son frère, et logeait dans une chambre de 15 m2 du foyer Coalia de Montreuil, une structure de 430 lits destinée aux travailleurs migrants, sur un matelas posé entre deux lits superposés.


N'ayant pas déposé de demande d'asile et ne faisant l'objet d'aucune obligation de quitter le territoire, il va désormais sortir de la clandestinité — synonyme de risque d'expulsion — que connaissent les milliers de travailleurs sans-papiers en France. Les services de l'immigration vont lui donner un rendez-vous dans la semaine et lui faire une proposition de régularisation, après quoi il pourra demander à être naturalisé, précise-t-on du côté de l'administration.


Il devrait également, comme l'a proposé Emmanuel Macron, intégrer le service civique des sapeurs-pompiers, qui ont déjà lancé un message de bienvenue sur twitter : « M. Mamoudou Gassama partage les valeurs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Nous sommes prêts à l'accueillir! »


Rached Cherif


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