Le corps probable de Khaled Melhaa a été retrouvé
Amel Melhaa en est persuadée : le corps retrouvé mercredi 4 septembre dans un champ en jachère de la commune de Villemoirieu, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bourgoin-Jallieu dans l'Isère est bien celui de son père. Khaled Melhaa, 64 ans, journaliste franco-algérien, atteint d’Alzheimer, avait disparu le 31 juillet dernier, sa famille était sans nouvelle depuis.
« 5 semaines après avoir disparu, le corps de mon père a été retrouvé dans un champ à seulement 3 km du lieu de sa disparition », écrit Amel. « Les analyses ADN confirmeront au plus tard mercredi (NDLR le 11 septembre) son identité. Nous attendons également des réponses sur les causes et le moment de sa mort… parce qu’on ne meurt pas d’Alzheimer » continue-t-elle désabusée.
Depuis la disparition de son père, Amel Melhaa avait multiplié les appels sur les réseaux sociaux, déplorant une faible mobilisation de ses confrères en France.
« A cause d'Alzheimer, il avait du mal à se repérer et voulait toujours aller se promener. Le matin, les gendarmes l'avaient déjà ramené à la maison parce que des gens avaient signalé sa présence au bord d'une route », avait témoigné il y a quelques jours Amel qui regrettait le manque d'informations communiquées par les enquêteurs.
« Une enquête a été ouverte et ils ne peuvent pas donner trop de détails, mais on ne sait même pas s'ils ont des pistes », déplorait-t-elle alors.
Le corps de celui qui pourrait être celui de Khaled Melhaa a donc été découvert mercredi 4 septembre par un garde-chasse peu avant 20h15, dans un champ en jachère de la commune de Villemoirieu, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bourgoin-Jallieu.
Selon le parquet, qui a confié l'enquête à la gendarmerie de Crémieu, la dépouille, qui ne portait pas de traces de violences, était « éloignée des voies de circulation et invisible depuis les chemins alentours ».
« Cette identité pourra être confirmée avec certitude dès le résultat des analyses ADN, attendu mercredi 11 septembre », a indiqué la procureure de la République Dietlind Baudoin dans un communiqué.
Né à Mostaganem, en Algérie, Khaled Melhaa est arrivé en France bébé. Il a exercé tous les boulots, de géomètre à maître nageur, à vendeur de journaux à la criée. C’est au quotidien Le Monde qu’il débute sa carrière de journaliste avant de devenir le premier correspondant du quotidien algérien El Watan à Paris. Il fut l’un des rares journalistes français à exercer en Algérie pendant la décennie noire.
En 1981, en France, la loi autorise enfin les radios locales à émettre sur la bande FM. Avec d’autres amis, il fonde alors Radio Beur (devenue entre temps Beur FM). Khaled Melhaa a également réalisé plusieurs documentaires pour ARTE ou Canal+, dans les années 2000.
Khaled Melhaa était aussi quelqu'un de très engagé. « J’ai connu Khaled lorsqu’il travaillait au journal Le Monde, à la fin des années 1970. Ensemble, tout au long des années 1980, nous avons combattu contre le racisme et pour l’égalité des droits, en participant aux différences marches organisées par des jeunes issus des immigrations maghrébines », avait écrit au moment de sa disparition l'historien Benjamin Stora.
« Il a été à l’origine de la révélation de l’affaire « Malik Oussekine », ce jeune tué à Paris lors des manifestation étudiante de 1986, en constituant avec le frère de Malik un comité pour la justice et la vérité sur cette affaire », avait rappelé Stora.