La cité de l’Europe (Aulnay) est soutenue face au bailleur

 La cité de l’Europe (Aulnay) est soutenue face au bailleur

Un immeuble HLM de la Cité de l’Europe Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)


L’amicale des locataires de la cité de l’Europe (Aulnay-sous-Bois) continue d’exiger d'Emmaüs Habitat des logements salubres et des charges transparentes.


3 ans de lutte


Depuis trois ans, suite à une réhabilitation qu’ils estiment « ratée », certains locataires se sont montés en association pour réclamer des logements salubres et fonctionnels. Après de nombreux courriers et manifestations, en décembre dernier, Mohamed Mattoug, président de l’Amicale des locataires de la cité de l’Europe, est passé devant le tribunal, accusé de deux motifs par le bailleur Emmaüs Habitat : mails malveillants et violences psychologiques. Résultat : un an de prison de avec sursis et interdiction d’aller à la cité de l’Europe : « C’est là où vivent mes parents… C’est purement politique, il y a une instrumentalisation de la justice par Emmaüs ». 


            >> Lire aussi : Les habitants d'une cité d'Aulnay (93) en lutte contre leur bailleur


Médiation ?


En février dernier, Fadela Benrabia, préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis, intervenait pour demander une médiation afin « d’apaiser la situation » entre le bailleur et les habitants. Malheureusement, le troisième acteur de cette médiation, la Ville d’Aulnay-sous-Bois attend d’abord du bailleur qu’il règle sa dette envers la municipalité, qui a dû faire des aménagements à sa place dans cette cité. « On a encore des attentes vis-à-vis du bailleur, notamment sur l’amélioration du quotidien des locataires » indiquait Séverine Maroun, première adjointe au maire, en février dernier (Le Parisien.fr, 25 février 2018).


Nouvelle manifestation


Mercredi dernier (25 avril), une nouvelle manifestation était organisée par l’amicale des locataires de la cité de l’Europe. Cette fois, l’appel avait été diffusé auprès d'autres cités gérées par Emmaüs Habitat dans le 93 (Noisy-le-Grand, Bobigny, Blanc-Mesnil, Montreuil…). Ce sont donc des locataires mécontents, de toute la Seine-Saint-Denis, qui ont défilé sous les fenêtres d’Emmaüs France, à Montreuil. Une délégation de huit personnes a pu être reçue.


Fédération


Insalubrités, irrégularités dans les charges, la délégation de locataires a fait état, à Emmaüs France, de tout ce qui n’allait pas et de l’immobilisme d’Emmaüs Habitat. Celle-ci étant une société anonyme et indépendante, membre d’Emmaüs France. « L’entrevue a été cordiale (…) Emmaüs France ne pensait pas que la situation était aussi grave. Emmaüs- Habitat rejette la faute sur l'association des locataires de la cité de l'Europe, mais avec des habitants d'un peu partout avec les mêmes problèmes, nous avons plus de poids » confie Mohamed Mattoug.


Pressions ?


Comme lors de la précédente manifestation (5 avril 2017), le président de l’amicale a été convoqué la veille du rassemblement. Ce dernier a demandé au commissariat de Saint-Denis de reporter la convocation au lendemain de la manifestation, ce qui a été accepté. Le lendemain, Mohamed Mattoug se rend donc au commissariat : « J’ai été placé en rétention pendant 24 heures. Ils ont reçu un ordre du procureur, un courrier qui disait qu’il semblerait que je ne respectais pas mes interdictions ». Malgré cette péripétie, le président veut se concentrer sur l’objectif principal : « Nous sommes déterminés à monter une fédération [Avec les locataires des différentes villes, ndlr]. Si besoin, nous procéderons au gel des loyers et poursuivrons Emmaüs Habitat en justice ».


Charly Célinain