« J’ai été viré pour avoir parlé à la presse », Sarkis, steward chez Ryanair

 « J’ai été viré pour avoir parlé à la presse », Sarkis, steward chez Ryanair

Sarkis Simonjan


En apprenant son licenciement ce vendredi 20 septembre par Ryanair, Sarkis Simonjan a cru que le ciel lui tombait sur la tête. "J'ai fini par faire un malaise et on a dû appeler une ambulance", précise ce steward, embauché dans la compagnie low cost aérienne irlandaise depuis avril dernier. 


En se rendant à Dublin "pour un entretien", ce Bruxellois de 30 ans était loin d'imaginer ce qui l'attendait. "Je pensais à un avertissement mais pas à être viré. La direction évoque des absences injustifiées alors que j'ai fourni des certificats médicaux. En vérité, on me reproche d'avoir parlé à la presse", accuse Sarkis. 


Tout commence en juillet dernier. Alors que les pilotes de Ryanair sont en grève dans plusieurs pays d’Europe, Sarkis Simonjan décide de briser l'omerta et dénonce les conditions de travail chez la compagnie aérienne low cost.


>> Lire aussi : "Je veux que les gens sachent ce qui se cache derrière un billet d’avion à 10 euros", Sarkis Simonjan, steward à Ryanair


En plus du faible salaire, à peine "1000 euros mensuels, contre 2000 euros promis", dixit Sarkis, le steward peste sur le fait de n'être payé que pour "les heures de vol".


"La préparation, le briefing de sécurité, l’accueil des passagers, le temps de rotation au sol, etc., tous ces moments ne sont pas comptabilisés. Il m'arrive de travailler 9 heures et être payé que 4 heures  ! Et si le vol est en retard, je ne suis pas payé davantage", nous confiait-il alors. 


"Je vis, je travaille en Belgique mais je paie des taxes en Irlande ! Je ne cotise pas pour la Belgique. En cas de maladie, je ne suis pas couvert par la sécurité sociale belge. Je n’ai pas non plus droit au chômage économique. Pas de chèques-repas, pas de treizième mois, pas d’assurance-vie en cas de crash. Pas même de place de parking gratuite à l’aéroport", reprochait-t-il également à Ryanair. 


C'est ce franc-parler, selon Sarkis, qui lui vaut donc d'être exclu aujourd'hui de la compagnie low cost irlandaise. 


Son syndicat, le CNE, outré par son licenciement a décidé de porter plainte. Il a promis d'attaquer Ryanair devant le tribunal du travail de Bruxelles pour atteinte aux libertés syndicales.


"Il n'a pas été licencié pour ce qu'il a dit mais il a été licencié parce qu'il a parlé à la presse. On trouve ça totalement scandaleux. C'est quelqu'un qui s'est mis en avant pour ses collègues et ça", assure Yves Lambot, secrétaire permanent CNE. Avant d'ajouter: "On attaque car c'est inacceptable d'entendre ces choses-là. C'est vraiment un état totalitaire dans lequel nous nous trouvons en Irlande. Il (Sarkis Simonjan, ndlr) régit ici en fonction de la loi belge et c'est ça qui doit être tenu en compte. Donc nous allons attaquer Ryanair à ce sujet", continue le syndicaliste. 


Contactée, la direction de Ryanair n'a pas donné suite. 


Passée la déception, Sarkis a bien l'intention de trouver très vite un emploi. "Pas question de faire un autre métier. Steward est un rêve de gosse. Et je vais m'y accrocher", promet-il.