Immigration : bond spectaculaire de l’enfermement des enfants
En marge des débats sur la loi « Asile et immigration » à l’Assemblée nationale, des voix s’élèvent contre l’enfermement des enfants en centre de rétention.
Traitement dégradant
Début mars, la Cimade, association de soutien aux personnes réfugiées et migrantes, rapportait l’enfermement, au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, d’une dizaine d’enfants dont trois étaient âgés de 6 à 12 ans : « La durée de leur enfermement a atteint 9 jours, en violation manifeste des limites posées par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui considère ce type de traitement comme étant inhumain et dégradant ».
Explosion de l’enfermement des enfants
Entre le 1er janvier et le 6 mars 2018, ce ne sont pas moins de 26 enfants qui avaient été enfermés au CRA du Mesnil-Amelot, toujours selon la Cimade, qui intervient dans ces centres. Une tendance qui vient confirmer les chiffres de ces dernières années concernant l’enfermement des enfants en France; puisque entre 2013 et 2017, le nombre d’enfants en rétention en métropole a été multiplié par 7,6 passant de 40 à 305. Des sommets qui n’avaient plus été atteints depuis 2011.
Illégalité
Dans une tribune collective, signée par des intellectuels et des acteurs de la lutte pour un accueil digne des migrants se sont indignés, une nouvelle fois, de cette pratique qui perdure : « on enferme les familles pour les avoir « sous la main » et on peut ainsi plus commodément expulser, loin du regard des voisins ou des associations. Le rappel de l’intérêt supérieur de l’enfant n’est inscrit que pour la forme » tribune parue dans Libération (18 avril). Condamnée à maintes reprises par la CEDH, la France ne semble pas décidée à mettre un terme à ces pratiques.
Séquelles
Les signataires de cette tribune rappellent également que l’enfermement des enfants cause des troubles qui se rapprocheraient de ceux provoqués par un « état de stress post-traumatique ». A l’heure où les échanges sont vifs entre parlementaires, autour du projet de loi « Asile et immigration », les voix d’intellectuels de renom, dont le neuro-psychiatre Boris Cyrulnik, pèseront peut-être dans le débat.
Charly Célinain