Hauts-de-France : Toujours pas de confinement pour les exilés

 Hauts-de-France : Toujours pas de confinement pour les exilés

Stephane Dubromel / Hans Lucas via AFP


Après plusieurs semaines de confinement pour toute la France, la question des exilés à la frontière franco-britannique reste en suspens.


Urgence ?


Alors que le confinement dure depuis presque trois semaines, alors que l'urgence sanitaire a été décrétée, alors que le gouvernement ne cesse de répéter l'importance du respect des règles de confinement afin de « vaincre » le Covid-19, les exilés massés dans le nord de l'Hexagone, à la frontière franco-britannique restent sans solutions face à cette crise.


Après le cri d'alerte des associations locales, les organisations Amnesty International France, Emmaüs France, La Cimade, Médecins du monde, Médecins sans frontières, Secours Catholique-Caritas France exhortent le gouvernement à agir dans un courrier (31 mars).


Risque sanitaire


Ce sont dans des camps sans douches, avec un accès extrêmement limité à l'eau potable, que survivent plus de 600 personnes exilées à Grande-Synthe, dans les bâtiments désaffectés du site de la Linière ou encore dans le bois du Puythouck.


En outre, les organisations pointent le fait qu'aucune présence médicale ne soit assurée et que « l’hôpital le plus proche et sa permanence d’accès aux soins de santé se situe à 12 kilomètres ».


Cette situation problématique dure depuis des mois, mais en cette période d'urgence sanitaire elle est d'autant plus inacceptable pour les organisations qui demandent : « d’évacuer le camp de la Linière et d’héberger les personnes exilées des différents campements dans des sites à proximité. Une mise à l’abri dans des centres éloignés n’aboutirait qu’à une reconstitution rapide des campements ».


Les expulsions continuent


A Calais aussi, il semblerait que le confinement des exilés n'ait pas été jugé comme une nécessité. Tout se passe comme s'il n'y avait pas de risques liés à une pandémie mondiale, tant et si bien que même les expulsions de camps de fortune, la destruction des tentes, continuent.


Là encore, cette gestion des exilés était déjà très fortement « questionnée » par les associations d'aide aux personnes exilées. Aujourd'hui elles estiment « que de telles actions sont aujourd’hui dangereuses » et « en contradiction totale avec les consignes que vous [Le gouvernement, ndlr] venez de diffuser ».


La solidarité prônée par le président de la République s'arrêterait-elle aux portes de la région des Hauts-de-France ? De plus, les destructions de campements « font courir des risques majeurs aux personnes exilées d’abord, mais aussi à la population calaisienne et aux forces de l’ordre ».


En première ligne


Les acteurs associatifs continuent, tant bien que mal, d'apporter leur aide, d'assurer les services de base, en faisant attention de bien appliquer les gestes barrières.


Or, lors de maraudes, certaines associations ont rapporté avoir été verbalisées pour ne pas avoir respecté les règles du confinement.


Le discernement dont font preuve les forces de l'ordre semble là aussi mis à mal en face de personnes dont l'action peut être vitale pour les exilés : « Nous insistons également pour que les acteurs associatifs locaux puissent poursuivre toutes leurs actions de protection des personnes exilées, sans restriction horaire, de jour comme de nuit, et ce en bonne harmonie avec vos services ».


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