Gilets jaunes : La presse internationale résume le mouvement aux émeutes de Paris
Les photos des violentes manifestations parisiennes des « gilets jaunes » font la une de la plupart des médias du monde entier, des États-Unis au Japon, en passant par l’Europe, le Maghreb et l’Inde. Presque partout les images de Paris en flammes sont accompagnées d’articles décrivant des scènes de guérilla et l’impuissance des autorités à apaiser la situation.
La troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes » dans la capitale était attendue par tous les observateurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les événements ont donné de la matière pour les médias : 133 blessés, 412 interpellations, 249 incendies et les monuments vandalisés à Paris. La journée a également été émaillée d’incidents en province. 57 personnes ont été blessées à Toulouse, 12 autres à Tarbes par exemple.
Des scènes qui font oublier qu’une majorité des rassemblements, qui ont réuni 136 000 partout en France, se sont déroulés dans le calme. Vue à travers les titres-chocs de la presse internationale, la France serait dans une situation insurrectionnelle, qui ferait presque oublier les émeutes des banlieues de 2005.
« La situation a dégénéré. C’est le chaos », estime le grand quotidien espagnol El Pais. « Paris brûle entre agressions et pillages » titre le Corriere della Sera. « Une zone de guerre », résume le Times britannique. Plus mesurés, les titres de la presse allemande parlent plutôt d’une « Escalade de la violence à Paris » (Die Welt).
En revanche, les médias russes proches du Kremlin relaient avec force détail les incidents de la journée de mobilisation. La chaine d'information Russia Today (RT) et Sputnik, l’agence de presse multimédia officielle russe, ont accordé une large place aux affrontements, décrivant Paris comme une zone de guerre. Leurs journalistes sur place apparaissent à l’écran vêtus de casques de protection pour appuyer leurs reportages. « Douze de nos journalistes ont été blessés lors des protestations en France », a même affirmé la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian.
Un reporter casqué de la chaine russe RT interviewe un gilet jaune sur les Champs-Elysées
La chaîne russe s’est également fait le relais d’accusations portées contre la police, selon lesquelles des policiers infiltreraient les manifestations pour les faire dégénérer et pour justifier l’intervention musclée des forces de l’ordre. « La grande majorité des “gilets jaunes” venus manifester à Paris ne faisaient pas partie de cette catégorie (des casseurs) », affirme au contraire le correspondant de la BBC à Paris.
La tonalité est sensiblement la même dans le reste de la presse mondiale : « Une fronde inédite en France » pour l’Orient Le Jour (Liban) ; « Macron à la recherche d’une sortie de crise » estime China Daily ;« La situation reste également tendue sur l’île de la Réunion », rappelle pour sa part le Times of India. L’île française de l’Océan indien compte en effet une importante communauté de descendants de migrants venus d’Inde.
Peu nombreux sont les médias à aller au-delà de l’éruption de violence pour analyser le phénomène des « gilets jaunes ». Le New York Times estime qu’il s’agit d’une « version moderne d'une révolte des paysans et des ouvriers contre un président de plus en plus contesté pour son attitude distante et monarchique ». Le Washington Post avait par exemple choisi de couvrir les manifestations des « gilets jaunes » à Besançon, expliquant à ses lecteurs que le mouvement était aussi celui de la province contre la capitale.
La presse tunisienne – à l’instar de ses homologues arabes – se distingue quant à elle par une couverture minimale ; un paradoxe alors que plusieurs observateurs ont établi un parallèle entre la situation des deux pays et qu’un mouvement des « gilets rouges » tente de surfer sur la vague des protestations en France. La Presse de Tunisie, le principal quotidien francophone du pays, se contente ainsi de reprendre mot pour mot une dépêche de l’AFP.
Rached Cherif