Gilets jaunes : L’ONU demande à la France des comptes sur « l’usage excessif de la force »
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, a demandé mercredi « urgemment » à la France une « enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force » pendant les manifestations des Gilets jaunes.
Alors que le mouvement des Gilets jaunes entre dans sa 17e semaine, l’ONU a fait part de son inquiétude sur les méthodes de maintien de l’ordre françaises et a demandé ce mercredi à la France une « enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force » pendant les manifestations depuis la mi-novembre.
Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève, La Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet a déclaré que les Gilets jaunes manifestent contre « ce qu'ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques ». « Nous encourageons le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force », a-t-elle ajouté.
La diplomate chilienne a rappelé que « les inégalités touchent tous les pays » et que « même dans des États prospères, des gens se sentent exclus des bénéfices du développement et privés de droits économiques et sociaux ».
« Évidemment nous suivrons les recommandations (de l'ONU) avec la diligence nécessaire », a réagi mercredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, lors du compte rendu du conseil des ministres à l'Élysée. « On a toujours été extrêmement clairs (…), à chaque fois que cela est nécessaire, des enquêtes ont été lancées notamment par l'Inspection générale de la police nationale », a-t-il poursuivi, faisant état de « 162 enquêtes ouvertes à la date du 1er mars ».
« Il faut, je le dis néanmoins, s'étonner tout de même de se retrouver cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti où il y a eu des morts, je le rappelle, des morts nombreux, suite à des manifestations », a-t-il ajouté. Michelle Bachelet a en effet dénoncé la répression violente de manifestations récentes au Soudan, au Zimbabwe et en Haïti dans le même discours.
Parmi les réactions les plus commentées figurent celle du journaliste et chroniqueur Jean-Michel Aphatie. « À lire le titre, on croirait que c’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui réclame une enquête sur la police et les #giletsjaunes. Renseignements pris, c’est une sous-secrétaire désœuvrée qui s’est exprimée un jour où elle s’ennuyait », a-t-il tweeté. De nombreux twitos ont pris la peine de lui rappeler que Michelle Bachelet est une ex-présidente du Chili, opposante torturée pendant la dictature de Pinochet, dont le père est mort en détention.
Rached Cherif
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