Frais universitaires : le spectre du précédent anglais

 Frais universitaires : le spectre du précédent anglais

Manifestation étudiante et lycéenne à Paris contre l’augmentation des frais d’inscription et contre les réformes liées à la sélection universitaire


Les rassemblements se multiplient pour dénoncer la hausse des frais d'inscription à l'université. Les enseignants du supérieur font entendre leurs voix.


Multipliés par 10


L’inscription à la rentrée 2019, pour les master et doctorat, devait passer de 243 et 380, respectivement, à 3 770 euros. Une hausse ne s’appliquera pas aux étudiants étrangers selon l'annonce de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, dans le JDD du 24 février. Cette dernière semble avoir suivi les recommandations du rapport sur la stratégie « Bienvenue en France » (développement de l'enseignement supérieur) paru le 18 février dernier : « Les universités sont en compétition pour attirer les meilleurs doctorants. Cette mesure serait contre-productive au regard de l’objectif de maintien et de développement de la position de la France en matière et de recherche et d’innovation ». Pour rappel, en France, 45 % des doctorants sont étrangers.


Généralisation ?


Cette exemption annoncée pour les doctorants étrangers n'est pas de nature a rassurer les étudiants concernant la hausse des frais d'inscription à l'université. Et ce, malgré l'annonce de la ministre de l'Enseignement supérieur indiquant un gel prochain des frais d'inscription. Pour les étudiants, cette augmentation pourrait en appeler d'autres : « Si cet arrêté s’applique d’abord aux étudiants étrangers, il porte en lui une hausse des frais d’inscription généralisée à tous et à toutes ». Si ces craintes se confirmaient, ce serait un nouveau pas vers une sélection à l'entrée des universités.


L'exemple anglais


Cette crainte de généralisation des frais d'inscription à tous les étudiants, les universitaires David Flacher (Université de technologie de Compiègne) et Hugo Harari-Kermadec (Ecole normale supérieure de Paris Saclay) la partage. Dans une tribune parue dans lemonde.fr (5 mars) ces derniers font un parallèle avec l'exemple anglais : « Souvenons-nous qu’en Angleterre, c’est sous Tony Blair que les frais d’inscription sont passés de 0 à 1000 £ en 1998. Ils passeront ensuite de 1 000 à 3 000 £ en 2004 et de 3 000 à 9 000 £ en 2010. Si la dynamique s’enclenche en France, les lycéens d’aujourd’hui seront très vraisemblablement touchés de plein fouet par un scénario similaire lorsqu’elles et ils arriveront à l’université ».


Le collectif Université ouverte appelle à se réunir aujourd'hui (6 mars, Université Paris VIII) contre la hausse des frais d'inscription à l'université et continue à marteler son message  : « Nous sommes opposés à toute forme de marchandisation de l'enseignement supérieur et à toute barrière mise à l'entrée de l'université ».