Confinement : Ferdaous le vit malgré elle depuis 3 ans
La situation que vit la planète depuis le coronavirus, Ferdaous Najar la vit malgré elle, par intermittence, depuis 3 ans. Handicapée, elle habite un logement social à Nanterre au deuxième étage. De manière très régulière, l’ascenseur tombe en panne, mettant à mal ses études et son travail et l’obligeant à un « confinement », bien malgré elle.
« C’est un cauchemar que je vis depuis 3 ans », nous explique, la voix tiraillée par l’émotion, Ferdaous Najar née à Stains il y a 23 ans. Elle est handicapée depuis sa naissance d’une maladie génétique qui touche sa respiration, ses muscles et les articulations.
Après l’obtention d’un bac littéraire dans le lycée adaptée Toulouse-Lautrec à Vaucresson, elle décide de poursuivre ses études. Passionnée par les langues étrangères, elle obtient un BTS de commerce international. Après la naissance de son petit frère, la famille de 5 personnes quittent un appartement en rez-de-chaussée à Stains pour un F5 en logement social à Nanterre.
Seul inconvénient de l’appartement : il est au deuxième étage. La famille est à la merci d’un ascenseur à la marche aléatoire. « Durant mon BTS, je partais en résidence étudiante au centre Colliard (Paris 5ème) car l’ascenseur tombait souvent en panne. Je ne pouvais pas rester chez mes parents, sachant que je pouvais rater un examen. Même si j’ai pu vivre seule, je ne pouvais aller chez mes parents le week-end.»
Après son BTS, elle se lance dans une formation en alternance en marketing et décide de retourner auprès des siens. C’est là que commencent ses ennuis. Dans son bâtiment de 16 étages, les aléas de l’ascenseur lui font vivre un « confinement » obligatoire « Bien que rénové en 2016, il tombe régulièrement en panne, nous explique Ferdaous. Depuis le début de l’année, il est tombé 4 fois en panne. Des fois, cela dure une ou deux journées. En été, cela a duré 3 semaines. On n’a aucune possibilité même d’exister. On peut sortir de l’appartement et ne pas être sûr de pouvoir y entrer de nouveau. »
Elle dépend de la générosité et de la solidarité des voisins. Son rythme de vie est complètement transformé. « Je dois faire la manche auprès de tout le monde pour qu’il m’aide à monter les deux étages. C’est handicapant car je dois me lever une heure à l’avance. S’il est en panne, j’appelle mon employeur, le technicien pour savoir quand il peut venir réparer, les gens qui peuvent m’aider à descendre.»
Sans cette solidarité qui oblige sa mère à quémander à des voisins de l’aide, Ferdaous Najar se retrouve bloquée chez elle et risque de perdre son emploi. Le bailleur lui accorde un service de portage mais selon certaines conditions. « Ils peuvent le faire en descente mais pas en montée. Il y a des conditions aussi et cela dépend du temps de leur arrivée. »
Le cas de Ferdaous Najar a été particulièrement médiatisé. Elle reçoit des lettres de la mairie, du bailleur mais aussi le secrétariat aux handicapés et l’Elysée qui lui promettent d’arranger son cas. Pourtant, rien ne semble changer. « Je n’accuse personne mais en 3 ans, il n’a toujours pas été possible de trouver une solution pour un F5 en rez-de-chaussée, même dans une ville voisine. »
En février, le bailleur lui fait une proposition d’un F4 en rez-de-chaussée. Une solution qui ne répond pas aux besoins de la famille. « On est cinq, avec un lit médicalisé, un fauteuil, un fauteuil motorisé. D’un coté, je sors d’une galère d’ascenseur qui a duré 3 ans. On ne vas pas se retrouver avec ma famille dans un appartement plus petit. En plus, il n’est pas accessible pour une personne handicapée, compte tenu des escaliers. »
Contactée par nos soins, la Mairie de Nanterre ne nous a pas répondu. Ferdaous Najar, pratique du football fauteil à Vaucresson. Elle tente de vivre sa vie dans une situation inextricable. Son espoir : une réponse hypothétique de son bailleur, de la mairie de Nanterre ou de la préfecture.