Des préconisations pour en finir avec la ségrégation scolaire
Ce week-end (7-8 avril) avaient lieu les états généraux de l’éducation dans les quartiers populaires, où plusieurs pistes pour une meilleure égalité ont émergé.
Conscientisation
Cette deuxième édition des états généraux de l’éducation (EGE) dans les quartiers populaires a réuni, à Créteil, des parents d’élèves mais également des acteurs des quatre coins de la France (Paris, Metz, Marseille, Montpellier, Toulouse, Limoges…).
Afin de lutter contre les inégalités scolaires, la mobilisation des parents est primordiale. Lors d’une réflexion sur l’implication des parents, la notion d’action conscientisante a été soulevée par le collectif du Petit-Bard Pergola (Montpellier) :
« nous n'allons pas régler les problèmes des personnes, mais il faut permettre aux personnes de s'approprier ce problème et de pouvoir déterminer elles-mêmes la façon dont elles vont pouvoir le régler ».
Légitimer
Outre la conscientisation, pour que les parents puissent agir de concert avec l’établissement pour organiser une « coéducation », la place des parents d’élèves doit être légitimée.
Pendant le week-end, l’intervention d’un enseignant, passé du lycée parisien Henri IV à la Seine-Saint-Denis, a notamment permis d’identifier une nécessité.
Selon ce dernier, les parents d’élèves des quartiers plus aisés s’imposent à l’école, ce qui n’est pas forcément le cas dans les quartiers populaires notamment parce qu’ils sont mal accueillis dans les établissements scolaires.
Il en est donc ressorti la nécessité « d’outiller » les parents d’élèves sur leurs droits afin qu’ils puissent jouer pleinement leur partition.
Environnement
Si l’immersion des parents dans l’école doit progresser, les personnels des établissements scolaires pourraient gagner eux aussi à mieux comprendre le quotidien des élèves en dehors des cours.
Lors des EGE, un parent d’élève du quartier des Izards (Toulouse) expliquait la réaction d’une conseillère principale d’éducation (CPE) qui se rendait, pour la première fois, dans le quartier à proximité duquel se trouve l’établissement et d’où proviennent la plupart des élèves :
« Ce jour-là elle arrive au quartier, ça criait de partout, il y avait la police (…) Je lui ai dit que les élèves vivent ça tous les jours, le jour comme la nuit. La CPE a admis qu'elle ne se rendait pas compte (…) Du coup, elle a décidé de revenir sur le quartier pour échanger avec les parents ».
Une expérience qui a permis à la CPE de mieux comprendre l'environnement immédiat des élèves. Mais l'année suivante, cette dernière a quitté l’établissement.
Légiférer
« L'éducation prioritaire est censée compenser, mais ce que l'on voit dans les faits, c'est que ça veut dire jeunes enseignants, moins formés. Ce n'est pas suffisant », s’indigne un enseignant exerçant en Seine-Saint-Denis. Pour ce dernier, une loi sur l’égalité à l’école pourrait être un début de solution :
« Pour la ségrégation scolaire , il n'y a pas de loi et ce serait peut-être une des premières choses à exiger. Parce que pour l'instant, tout ce que nous pouvons faire c'est « demander aux politiques », qui renvoient la balle au rectorat… ».
Les pistes émises pour l’égalité à l’école et la lutte contre la ségrégation scolaire ont été nombreuses lors de ces états généraux de l’éducation dans les quartiers populaires.
Très certainement des pistes à étudier pour le ministère de l’Education auquel, les organisateurs des EGE (FFR, PARENTS, Pacte 34, Espoir 34, le collectif apprendre Ensemble et le collectif du Petit-Bard Pergola), feront parvenir un cahier de doléances contenant des préconisations.
Charly Célinain