De MIE à citoyens français : ces rares parcours
Prouver sa majorité, se faire scolariser, le parcours des mineurs isolés sur le territoire français est compliqué. Pourtant certains ont réussi à se construire une vie.
Enfants avant tout
Alors que la question des mineurs isolés étrangers (MIE) est discutée dans les plus hautes sphères des institutions françaises, sur le terrain, les chemins arpentés par ces enfants s’apparentent au parcours du combattant. Souvent ces jeunes sont d’abord considérés comme étrangers. France Terre d’Asile (FTDA) tient à rappeler le principal : « il s’agit avant tout d’enfants qu’il est de notre devoir de protéger ».
Présent, avenir
FTDA vient de publier un recueil de témoignages de MIE ayant été suivis par leurs membres et qui ont finalement réussi à prendre leur place dans la société française : « nous avons voulu raconter leurs trajectoires, leurs espoirs et leurs réussites. Et rappeler que leur avenir se joue avant tout dans l’accueil que nous leur réservons ». Parcours, visions de leur accueil en France, les témoignages d’anciens MIE sont nécessaires et inspirants à plus d’un titre.
Parcours
Guinée-Conakry, Maroc, Marseille, Paris, le parcours de Sellou Diallo a été ponctué de rencontres, d’embûches et de réussites aussi. Il arrive en France à 16 ans avec quasiment rien. Après quelques jours d’errance à Paris, il rencontre un membre de FTDA. Il est pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), passe son BEP et travaille aujourd’hui en CDI à l’Institut Gustave Roussy, un centre de cancérologie à Villejuif. Il est épanoui : « C’est parfois difficile, mais je me sens utile (…) J’ai des projets pour l’avenir. L’année prochaine, je préparerai le concours d’infirmier. J’aimerais ensuite m’installer en Bretagne ».
Difficultés devenues normes
Contrairement à celui de Sellou Diallo, d’autres parcours peuvent être plus chaotiques. Ainsi Abdou D., lui aussi guinéen, s’est vu refuser l’ASE cause de tests osseux défectueux indiquant qu’il était majeur. Par la suite, il a connu la rue : « Je vis ma première nuit dehors, à Gare de l’Est, où je sympathise avec d’autres mineurs venus d’Afghanistan ». Trois mois à la rue, puis un placement en famille d’accueil. Une demande de titre de séjour refusée dans un premier temps puis acceptée suite à un recours. Bac pro Travaux publics en poche, il travaille depuis plus d’un an.
Outre les différents témoignages de MIE, FTDA a également fait témoigner des membres de leur équipe pour bien appréhender les deux faces de ce combat pour que les enfants étrangers puissent avoir des perspectives d’avenir en France. Ces quelques exemples ne masquent pas la grande majorité des parcours de MIE. Ces derniers sont 25 000 à être pris en charge par l’ASE, chiffre qui ne tient pas compte de ceux qui sont livrés à eux-mêmes dans les rues des vielles de l’hexagone.
Charly Célinain