Coronavirus. Une infirmière virée de son logement par ses propriétaires
Melina a encore du mal à le croire. Mélina, 37 ans, infirmière anesthésiste au bloc opératoire et au service de réanimation de l’hôpital Lapeyronie à Montpellier a été obligée de quitter le domicile de Montarnaud qu’elle louait comme le rapportent nos confrères de France Bleu Hérault.
Les propriétaires, qui vivent au premier étage, ne voulaient pas prendre le risque d'être contaminés. Et ce couple de 75 et 80 ans ont tout fait pour que Mélina craque. "Je me suis retrouvée à devoir quitter mon logement parce que mes propriétaires n'étaient pas d'accord que ma mère et ma fille viennent y vivre pour le confinement, explique Mélina. Après, c'est parti en insultes. Ils disaient qu'on ramenait le virus."
Des mots très durs, se plaint l'infirmière aujourd'hui : "La femme du couple de propriétaires m’a dit : ‘On s'en fout que vous mouriez du virus, du moment que vous ne mourez pas chez nous. Vous n'êtes pas de ma famille. Que vous l'attrapiez et que vous vous le transmettiez entre vous, ce n'est pas mon problème.’ Il y a ensuite eu les coupures d’eau et d’électricité."
L’infirmière, qui devait dans le même temps "enchaîner des nuits interminables" au cours d’une semaine "hyper longue" où elle aura effectué "pas loin de 70 heures", finit donc par déménager.
Mais ça ne s’arrête pas là : les propriétaires ont promis d'envoyer la facture de la désinfection de l'appartement après le départ de Mélina et sa famille. "On n’est pas des blattes, ni des pestiférés, souffle l’infirmière héraultaise. Franchement, je vis un enfer !"
Aujourd'hui, la mère de Mélina est en Ehpad, le reste de la famille vit dans le studio de sa grande fille âgée de 20 ans à Montpellier. La soignante elle, loge dans un Airbnb. Un appartement qui lui permet de continuer à travailler sereinement, sans risquer de contaminer sa famille.
"On a fait face à de l'égoïsme, souffle avec recul Mélina. Pour moi, c’est de la peur que j'entends de la part de mes propriétaires. Mais ce n'est pas une raison d'agir comme ça."
Face aux nombreux exemples de soignants "stigmatisés" en pleine épidémie du coronavirus qui se multiplient, Mélina se dit consternée. "J’ai plein de collègues à qui il arrive pas mal de mésaventures et je trouve ça déplorable. La nuit dernière, j'ai encore un collègue qui s'est fait casser sa voiture. Si on était vraiment en guerre, mais vraiment totale, ce serait le chaos. Parce qu'au lieu de justement tous s'unir et d'être soudés, certaines personnes s’avèrent malsaines. Malheureusement."
Le procureur de la République de Montpellier a ouvert une enquête préliminaire. Interrogé par France Bleu Hérault, le maire de Montarnaud, Gérard Cabello, qui a découvert cette histoire dans la presse, s’est lui dit "catastrophé, consterné. C'est d'autant plus terrible qu'il s'agit d'une infirmière qui se bat tous les jours auprès des malades du coronavirus, à qui nous devons tout notre soutien".
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