Confinement : les vidéos de contrôles musclés interpellent
L'état d'urgence sanitaire justifie-t-il des interpellations musclées de la part des forces de l'ordre ? Des organisations appellent à la vigilance.
Violences
Ces derniers jours, les réseaux sociaux ont vu fleurir de nombreuses vidéos d'interpellations pour le moins musclées, a priori pour faire respecter le confinement.
Asnières, Ivry-sur-Seine, Torcy, Saint-Denis et dans d'autres villes de France, les vidéos montrent des violences policières que dénoncent plusieurs organisations dont Action droits des musulmans (ADM), Human Rights Watch ou encore la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui « appellent le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Police nationale à veiller à ce que le maintien de l’ordre et les opérations de contrôle dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ne donnent pas lieu à des abus ».
Techniques dangereuses
Entré en vigueur pour une durée de deux mois, l'état d'urgence sanitaire fait craindre que les forces de l'ordre puissent agir impunément au nom du respect des règles de confinement. Certaines images de policiers ayant recours « à des techniques d’immobilisation dangereuses et potentiellement létales » confirment ces craintes.
Les organisations rappellent que, le 3 janvier dernier, Cédric Chouviat était décédé 48 heures après avoir subi « un plaquage ventral et une clé d’étranglement à l’occasion d’un contrôle routier ». Filmée cette interpellation a créé un tollé malgré le fait que l'un des avocats des policiers ait mis en avant le comportement du livreur qui se serait rendu coupable d'une « provocation verbale et agressive ».
Rendre visible
Ces rappels musclés du confinement, ou encore les interpellations musclées de la police bien avant l'apparition du virus, sont de plus en plus filmées et visibles par tous. En février dernier, selon Médiapart, le ministère de l'Intérieur aurait « envisagé de contrôler la diffusion des
vidéos [montrant des violences policières] ». Une idée qui avait fait bondir les organisations de défense des droits de l'Homme et journalistes, dont collectif Reporters en colère (REC) ou encore le Syndicat national des journalistes (SNJ) : « Sans ces vidéos, la réalité des violences policières resterait trop souvent invisibilisée (…) L’existence d’images les attestant, et la possibilité même d’enregistrer et de les diffuser, rend leur réalité tangible contre les dénégations répétées des autorités françaises ces derniers mois, ces dernières années ».
Aujourd'hui, les organisations de défense des droits de l'Homme demandent à ce que « ces opérations doivent s’opérer dans un cadre strictement légal, sans discrimination, et sans recourir à des techniques dangereuses et potentiellement mortelles contre les personnes ».