Collège Pablo Neruda à Pierrefitte-sur-Seine en grève
Au collège Pablo Neruda à Pierrefitte-sur-Seine (93), la nouvelle année commence comme la précédente s'était terminée : en grève. Peu avant les vacances de Noël, les enseignants, soutenus par les parents d'élèves, avaient décidé de stopper les cours, en réaction à la dégradation du climat scolaire qui dure depuis environ deux ans. Hier (8 janvier), la rentrée s'est faite avec la quasi-totalité des effectifs en grève. Une situation que les institutions ne pourront ignorer bien longtemps.
Dégradation du climat scolaire
Selon les enseignants du collège, le climat scolaire ne cesse de se dégrader depuis deux ans. Bagarres entre élèves, cas de harcèlement, le personnel s'avère insuffisant et a du mal à travailler dans de bonnes conditions. Si le nombre d'élèves du collège est passé de 500 à 680 lors de ces trois dernières années, l'encadrement n'a pas augmenté. Le 19 décembre, un énième incident, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : « une CPE a reçu une gifle d'une élève parce qu'elle lui demandait d'aller en cours (…) Nous analysons la dégradation du climat scolaire par le manque de moyens humains (…) Il nous faut un CPE de plus. Aujourd'hui le CPE ne gère que l'urgence. Nous n'arrivons plus du tout faire de la prévention, des projets » explique Camille Moro, enseignante en histoire-géographie.
Des parents d'élèves solidaires
Le jour de l'agression de la CPE coïncidait avec la remise des bulletins aux parents. Les enseignants ont donc discuté avec les parents et leur ont signifié leurs réticences à reprendre les cours dans ces conditions. Les parents d'élèves ont compris et ont même proposé leur aide afin d'obtenir des conditions de travail décentes pour leurs enfants : « les parents ont proposé de bloquer le collège dès le lendemain. Ils ont bloqué le collège jusqu'aux vacances (…) Aujourd'hui (8 janvier) ce sont les enseignants qui sont en grève. Nous avons essayé d'alterner les moyens d'action. Les parents ont tout à fait conscience du climat qui se détériore, ils entendent aussi de la part de leurs enfants ce qu'il peut se passer dans le collège ». Hier, jour de rentrée, 85% des enseignants étaient en grève.
Rendez-vous infructueux
Les jours de grève ayant précédé les vacances scolaires ont permis d'obtenir un rendez-vous avec la DSDEN (Direction des services départementaux de l'éducation nationale) à Bobigny, le 8 janvier. Enseignants et parents d'élèves s'y sont donc rendus hier soir. Une délégation a été reçue. Mais l'entretien est loin d'avoir été satisfaisant selon la professeur d'histoire-géographie : « On nous a expliqué que nous avions un encadrement inférieur à la moyenne mais qu'ils ne pouvaient rien faire. De plus, dans le département, il y a des constructions de collèges en cours, ils auront besoin de moyens. Comme le veut la politique de l'éducation nationale, on ne crée pas de nouveaux postes, on les déplace. On nous a clairement dit que nous n'aurions rien ».
Une certaine déception, mais ni les parents d'élèves ni les enseignants ne sont résignés. Aujourd'hui la grève a été reconduite. Tous sont déterminés à obtenir de meilleures conditions d'éducation pour les élèves du collège, à commencer par un troisième CPE et un classement en REP+, permettant d'avoir plus de moyens.
CH. Célinain