Calais : Confinement pour tous, sauf les exilés
A Calais, la situation des exilés est de plus en plus préoccupante. Les organisations exhortent les autorités à réagir et à les mettre à l'abri.
Priorité ?
« On a eu notre première réunion d'informations le 5 mars lors de laquelle on a commencé à alerter les autorités compétentes sur le virus et le fait que s'il se développait dans les campements les conséquences seraient dramatiques » explique Antoine Nehr de l'association Utopia 56. Mettre tout le monde à l'abri, avoir la présence de docteurs sur les campements, autant de demandes permettant de faire face à la propagation du virus. La situation des exilés ne semble pas la priorité des autorités puisqu'une nouvelle réunion d'informations, avec la sous-préfecture et l'ARS (Agence régionale de Santé) notamment, a eu lieu le 19 mars, soit une semaine après l'annonce du confinement par Emmanuel Macron.
Mise à l'abri et santé
« La gestion de cette crise sanitaire passe par une mise à l'abri des gens qui sont dehors » martèle le membre d'Utopia 56. Ce dernier déplore le fait que dans les Hauts-de-France, les autorités expliquent qu'il est « compliqué » de trouver des bâtiments, quand dans d'autres régions de France des exilés sont hébergés dans des hôtels, des internats… Un autre gros problème des campements, surtout en cette période de pandémie, est l'accès aux soins. L'accès à la permanence d'accès aux soins de santé (PASS) du centre hospitalier de Calais depuis la « Jungle » est rendu très compliqué par la baisse d'activité des réseaux de bus. Et quand un bus passe, ce n'est pas forcément gagné pour les exilés témoigne Antoine Nehr : « Les bus de la Mairie ne s'arrêtent même plus à la Jungle. Dès qu'ils voient des exilés, ils ne s'arrêtent pas ! ».
Aider malgré tout
Dans ce contexte dramatique au niveau mondial, les démantèlements de camps continuent sans relâche : « Il y en a eu un ce matin [23 mars, ndlr] On maintient cette politique hostile malgré la situation. Au moment où elle devrait changer, au moment où ça devrait être un point de départ pour prendre ces personnes en charge parce que ça fait des années qu'on se bat pour ça » s'indigne Utopia 56. Il y a moins d'associations sur le terrain, mais de bénévoles et d'aidants, malgré tout les personnes présentes continuent d'aider. Ça passe notamment par des maraudes, même si les conditions sont délicates, qu'il faut appliquer les gestes barrières et faire face à une difficulté supplémentaire : « Un soir, alors que nous étions en maraude, nous nous sommes pris deux amendes de 135 € parce que nous donnions un repas à quelqu'un dehors ».
Les organisations de soutien aux personnes exilées continuent d'aider avec les moyens du bord. Elles continuent d'interpeller les autorités « parce que là c'est de leur ressort, ce n'est malheureusement plus du nôtre ».