Blocage des prisons : « Il faudra revoir le système de façon profonde, à tête reposée »

 Blocage des prisons : « Il faudra revoir le système de façon profonde, à tête reposée »

Des planches en bois sont brûlées devant l’entrée de la prison de Fresnes


Les prisons restent bloquées. Depuis hier (15 janvier), les surveillants de prison se sont mis en grève  pour réclamer de meilleures conditions de travail, suite à l'agression, il y a quatre jours, de quatre surveillants par un détenu radicalisé allemand à la prison de Vendin-le-Vieil. Ce matin, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, se rendait dans cette prison pour écouter et discuter. Mais aujourd'hui, cet événement précis ne fait que révéler des carences constatées depuis des années.  


« Ça commence à bouger »


« Enfin, depuis cette nuit, ça commence à bouger du côté de l'administration. Il y a déjà une prise de contact » confie Stéphane Barraut, secrétaire générale de l'UFAP UNSA Justice. Les surveillants de prison ont enfin l'impression d'avoir l'oreille du gouvernement et attendent de voir ce que fera la ministre après sa visite à Vendin-le-Vieil : « Elle est consciente du malaise et a indiqué qu'elle comprenait la grogne. On attend de voir ce qu'elle va annoncer au niveau local et la suite au niveau national ».


Etablissements spécialisés


Ce qui a mis le feu aux poudres est l'agression de quatre surveillants de Vendin-le-Vieil par un détenu radicalisé allemand. Evénement qui a fait resurgir la question des conditions de détention de ce type de prisonniers. « Ce qui est demandé par l'administration pénitentiaire c'est de créer des établissements spécialisés, et notamment pour gérer ce type de détenus (…) Les accueillir avec les moyens qu'il faut, avec un personnel suffisant pour prendre en main les détenus dangereux » selon le syndicat de l'administration pénitentiaire.


Problème profond


Ce n'est pas la première fois que les surveillants de prisons se mettent en grève. En 2013, le problème des moyens, humains et financiers, mais aussi du surpeuplement des prisons, avaient conduit à un blocage. Des problèmes récurrents qui n'ont jamais été résolus : « Honnêtement on en est toujours au même point, ça n'a pas changé (…) L'administration tâtonne. Il faudra revoir le système de façon profonde, à tête reposée, et non pas réagir au coup par coup, comme on l'a fait ces cinq dernières années ».


Plus de moyens


« Ne pas réagir pour trouver du jour au lendemain des solutions. Je pense aux attentats de Charlie


Hebdo, la semaine d'après on mettait en place une expérimentation à Fresnes et on s'est rendu compte que c'était voué à l'échec » indique Stéphane Barraut. Des solutions pérennes et non du bricolage, voilà ce que veulent les surveillants de prison. Et ça passe par plus de moyens, financiers mais aussi humains : « Il faut du recrutement de personnel mais le métier n'est pas attractif, on n'y arrive pas ».


Des problèmes structurels présents depuis de nombreuses années auxquels les gouvernements successifs n'ont jamais apporté de solutions.


CH. Célinain