Aulnay-sous-bois : Rassemblement contre l’impunité policière
Mercredi dernier (11 septembre), un policier en venait aux mains avec un médiateur de Sevran. Mis à pied puis réintégré, le cas de ce policier relance la question de l'impunité policière.
Colères
Mercredi dernier, la vidéo d'un policier en venant aux mains avec Lamine Ba, médiateur de Sevran (93), devenait virale. D'abord suspendu par le préfet de Police, M. Lallement, le policier a pu être réintégré dès le lendemain suite à la mobilisation de syndicats de Police devant le commissariat d'Aulnay-Sous-Bois (93).
Aujourd'hui (18 septembre), une semaine après les faits, le mouvement La Révolution Est En Marche (LREEM) organise un rassemblement devant ce même commissariat (de 16h à 20h) pour exiger la fin de l'impunité policière. Hadama Traoré, fondateur du mouvement LREEM, nous en dit un peu plus sur les enjeux de ce rassemblement.
LCDL : Pourquoi avoir choisi de se rassembler devant le commissariat d'Aulnay-Sous-Bois ?
Hadama Traoré : C'est exactement là, au lendemain de la rixe qu'il y a eu entre un policier et Lamine Ba, médiateur de Sevran, que les policiers, et en tête de file Linda Kebbab, syndicaliste de SGP Police – FO, se sont permis de faire une mobilisation pour leur collègue qui avait été suspendu par le préfet de police de Paris M. Lallement. Ce policier qui n'a pas respecté le code de déontologie mais qui est soutenu par ses collègues, il y a un problème. Les policiers n'ont pas le droit de manifester. De plus, ils ont manifesté sans demande préfectorale. Ça donne un sentiment d'impunité qu'aujourd'hui beaucoup de français ressentent par rapport à l'institution policière.
LCDL : Lamine Ba est décrit, par les personnes qui le connaissent, comme étant « sans histoires ». Le connaissez-vous personnellement ?
Je connais Lamine Ba personnellement. Je vais être clair avec vous et c'est ce que je reproche aux journalistes. Ce qui a pu se passer avant ou après, ce n'est pas notre problème. Le problème ce sont les faits, l'intention et le droit. Je vous fais un petit parallèle, c'est comme l'affaire de Théo. Ce qu'il y avait autour c'est ce qui a discrédité Théo. Ils ont vu le « avant », le « après » avec sa famille, mais à aucun moment on n'a jugé l'interpellation en elle-même.
Un policier est régi par le code de déontologie, l'article R. 434 exactement. Ce policier qui a interpellé Lamine Ba, que tout le monde connaît, n'a pas respecté l'article R. 434, point 14 et point 18. Si Lamine avait vraiment été insolent, les collègues du policier seraient venus bien plus tôt, parce que ce serait déjà envenimé. Là, on voit très bien que c'était une discussion normale, qu'à aucun moment ce n'était envenimé.
Concernant le rapport avec le public, le policier a le devoir de vouvoyer une personne et de lui parler cordialement. Là, Lamine parle puis regarde à droite, et le policier essaie de l'attraper par les jambes. Ce n'est pas normal.
Sur l'usage de la force, quand on a en face de soi une personne qui n'est pas dangereuse pour lui-même ou pour autrui, on n'a pas à user de la force. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est leur texte de loi.
Avec cette mobilisation, espérez-vous que le policier soit sanctionné ?
Justice doit être rendue, ça c'est sûr et certain. Nous voulons être sûr qu'il ne réintégrera plus jamais l'institution policière. Nous avons une avocate du barreau de Paris et nous n'allons jamais lâcher. La semaine prochaine nous allons nous mobiliser devant le siège de SGP Police – FO. Toutes les semaines ce sera comme ça, jusqu'à ce que nous soyons reçus par des personnes décisionnaires qui réalisent la gravité de l'acte commis sur Lamine Ba. Ce n'est qu'un début. Pour l’affaire de Théo, on s'est raté. On s'est trop calqué sur la famille (…) Avec cette mobilisation nous voulons que cette affaire reste publique.
Et il est important de rappeler que nous n'avons rien contre les policiers. Beaucoup de personnes pensent que nous sommes contre tous les policiers (…) Et aujourd'hui, il y a beaucoup de policiers intègres qui font correctement leur travail. Nous pointons vraiment du doigt ceux qui sont racistes, délinquants, qui ont des comportements haineux et qui portent l'uniforme bleu. Ceux-ci, qui ont un sentiment d'impunité par rapport au non-professionnalisme de l'IGPN, à l'instrumentalisation politique des syndicalistes et de M. Castaner. C'est important pour nous. Au sein de la Révolution est en marche (LREEM) il y a des policiers en activité, dans ma cité il y a des policiers en activité, le cofondateur de LREEM, c'est un policier en activité. Nous voulons aussi casser cette idée reçue que dans les cités nous en voulons à tous les policiers. C'est très important, ça nous tient à cœur.